8 et 9 mai : Sortie en mer, Port Royal Sound (Beaufort SC) – Winyah Bay (Georgetown) 120 milles nautiques.

Lundi, 8 mai, le départ est prévu à 7 h, pour ne pas avoir trop de courant contre nous dans l’inlet de Port Royal. L’étale est prévu à 8 h. Nous avons bien fait nos devoirs : vérification des courants dans les différents inlets pour nous assurer que nous sortirons avec le courant et que nous rentrerons avec. L’avantage de la côte est Américaine est qu’il est relativement facile d’avoir des plans B et C. Voilà pour nous :

Plan A : Winyah bay (Georgetown) 120 milles nautiques.
Plan B : Charleston : 70 milles, qui nous permettrait d’arrêter avant le coucher du soleil.
Plan C : Cape Fear : 180 milles nautiques. Si jamais nous arrivons de nuit à Winyah bay, on poursuivra notre route.

Vers 9 h 30, on est enfin en mer!! Youpi! On respire. À 10 h, on éteint le moteur et on se laisse glisser sur l’eau. On chante « Libéré, délivré! » Comme c’est facile en mer! C’est le pilote qui barre, on jette un coup d’œil à l’avant, tout autour de nous et on peut vivre!

 La mer est si calme. Nous n’avions plus cette attente. Tout le monde va bien. Les filles sont heureuses de constater qu’elles peuvent être en mer et ne pas avoir mal au cœur.

À midi, le vent tombe complètement, on redémarre le moteur. Malgré le bruit, c’est quand même plus agréable d’être en mer que dans l’intracostale. À la barre, j’observe l’infini tout autour de moi, la mer. Comme elle est gentille de nous offrir une telle journée. Elle savait que nous en avions besoin. Il y a à peine de houle. Quelques rides à la surface de l’eau. Comme elle est belle!

On soupe tôt, et on range tout avant que le soleil se couche. Les filles nous demandent si elles peuvent écouter un film, pourquoi pas? Les batteries sont bien pleines.

Elles sortent nous rejoindre pour le coucher du soleil et souhaitent toutes dormir à l’extérieur. Non, non. Ça va se transformer en chicane et nous n’avons pas besoin de ça. On leur permet de veiller et elles devront ensuite retrouver leur lit. Le vent se lève, on ferme le moteur. Perla avance à 4 nœuds. Idéalement, nous aimerions avoir notre moyenne de 5. On repartira le moteur en temps et lieu.

Charline nous avait déjà dit qu’elle aimerait faire un quart durant la nuit avec un de ses parents. Elle qui est la plus sensible aux effets de la mer, trouve celle-ci parfaite. Évidemment, Florane  et Daphné disent : « moi aussi, moi aussi! » J’ai envie de leur dire non, qu’elles sont trop jeunes pour entrecouper leur nuit… Mon petit doigt me dit toutefois que je suis bien mieux de ne rien dire.

Elles viennent donc en premier faire leur « quart ». Je leur explique qu’elles doivent surveiller les petites lumières tout autour, vérifier si elles apparaissent sur le GPS en tant que navire AIS, ça nous aide à connaitre leur direction. Finalement, elles font un quart de 10 minutes! Elles me disent rapidement : ah, je crois que je vais aller me réchauffer un peu dans mon lit. Bonne idée!

Eric est déjà couché. Charline reste avec moi à la barre durant 1 heure. Avant d’aller dans son lit, elle me demande de la réveiller lorsque je ferai mon deuxième quart. Vraiment?! Elle peut rester au chaud dans ses couvertures et elle aime mieux que je la réveille… Ah, l’appel de la mer! Alixia reste dehors avec moi, c’est toujours agréable d’avoir de la compagnie dans la noirceur, mais elle tombe rapidement endormie.
Comme je suis heureuse de vivre cette nuit. Cette nuit dont je rêvais. La pleine lune brille sur l’eau. Perla qui avance sans aucun bruit, seulement ceux des petits clapotis. Quelques vagues de 1 ou 2 pieds. Avec le vent trois quart arrière, le froid n’est pas trop mordant. Le vent nous permet d’atteindre une vitesse de 5 nœuds, peut-être nous n’aurons pas besoin de repartir le moteur, avant notre approche de Winyah bay. Les minutes passent doucement.

Moi qui suis une couche tôt, je combats le sommeil. De toute façon, je préfère être vraiment épuisée lorsque j’irai me coucher pour être certaine de m’endormir. 23 h, minuit. Bon, je peux aller réveiller Eric, qui sort d’un profond sommeil. On a perdu un peu de vitesse, le vent est rendu complètement arrière. On place les voiles en ciseaux et je vais me coucher. Enfin!

Évidemment, je ne m’endors pas. Mes sens sont trop en alerte, j’essaie de me parler pour que ma tête se laisse un peu aller. C’est difficile. Les dauphins doivent être comme ça. Un seul hémisphère de leur cerveau dort à la fois. Je sommeille. Mes yeux jettent un œil sur le GPS à l’intérieur et regardent les heures passer. 3 h 30. Il faudrait bien que j’aille prendre le relais… Il fait vraiment plus frais. Je mets plusieurs épaisseurs sous mon manteau, tuque, gants et me voilà prête. Je réveille Charline.

Le vent a encore tourné. Il est maintenant nord-ouest, donc nous naviguons au près. Mais puisque le vent est léger, la gite est minime. Charline m’accompagne à la barre jusqu’à ce que l’on rentre les voiles vers 5 h du matin. En changeant de cap pour faire notre approche de l’inlet de Winyah Bay, les vagues frappent Perla de travers. Charline aime moins ça. Moi aussi, mais ça sera de courtes durées. Elle quitte juste avant le plus beau des spectacles. À l’est, le ciel devient orange. À l’ouest, la lune amorce sa descente. Juste devant elle, un crevettier. Un spectacle à360 degrés. Comme je suis privilégiée. Il y a si peu de spectateurs!

Eric se réveille et prend la barre pour l’entrée dans l’inlet. Tout se fait sans problème. Il commence à faire clair et le courant est avec nous. 30 minutes plus tard, il peut se recoucher et je poursuis la longue navigation jusqu’à Georgetown. C’est loin cette ville! Heureusement, le courant est avec nous. Je suis chanceuse, je vois deux levers du soleil en un seul matin. D’abord sur l’océan, mais comme j’avance vers Georgetown, il se recache. Il se relève derrière les arbres, près du phare, une autre bien belle image qui s’imprègne dans mon cerveau.

À7h30, on jette l’ancre à Georgetown. Le ciel est si bleu. Depuis deux jours, nous n’avons pas eu un seul nuage.

Impossible d’aller nous coucher. On déjeune avec un bon café et on délire un peu en comparant George Town aux Bahamas et Georgetown en Caroline du Sud… L’eau brune, les usines en arrière-plan ne conquirent pas notre cœur à notre première approche. Mais la petite ville et son très long harbor walk est invitante. On savoure tranquillement les premières heures de la journée. On ira découvrir la ville un peu plus tard!

Même en mer, on peut écrire à nos amies!!

Journée parfaite!

Coucher du soleil sur l'océan 

Ils sont si beaux ces crevettiers!

Le bonheur de glisser sur l'eau!

Ali s'est endormie. Xx

Premier lever du soleil de la journée 

  

Deuxième lever du soleil!

Georgetown

L'eau brune de Georgetown!