Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

5 au 7 mai : La Géorgie et le vent!


Vendredi, 5 mai, on gèle!! Les vents demeurent constants à 20-25 nœuds avec des rafales à 30. On lèvre l’ancre vers 8h. Avec ce vent, on avance encore une fois bien rapidement avec le génois. Le problème, c’est qu’en Géorgie, l’intracostal fait des zigzags…. Parfois, on va vers le nord, mais parfois on va vers le sud. Aujourd’hui, le vent arrive du sud-ouest. Lorsque le capitaine navigue au près (c’est-à-dire que nous naviguons pratiquement face au vent) avec du vent à 30 nœuds dans un petit canal… il semble vraiment heureux… mais je lui dis qu’il se reprendra avec ses chums de gars. Déjà que le près n’est pas mon allure préférée; avec des haut-fonds et pas beaucoup d’eau ni à gauche ni à droite, j’ai l’impression que mon cœur va lâcher! Je brise le plaisir à Eric, mais il respecte les souhaits de l’équipage.

On termine donc la journée au moteur uniquement. À 15h, on s’ancre dans BuckHead Creek. Le courant est impressionnant et les rafales augmentent jusqu’à près de 40 nœuds. C’est du vent, ça! En Géorgie, il y très peu d’arbres. Dans notre petite rivière, il y en a quelques-uns, mais pas assez pour couper le vent. Le vent arrive donc de très très loin. Heureusement, les marécages empêchent les vagues de se former.  Florane nous dit : Est-ce qu’on va explorer?! (C’est mes paroles qu’elle reprend maintenant!) On aimerait tellement, mais non, les vents sont trop forts et on est beaucoup trop fatigués.
On se couche tôt dans l’espoir de repartir tôt le lendemain.

Samedi, comme à mon habitude je me lève vers 6h. Je sors le bout du nez à l’extérieur, les vents demeurent constants à 25 nœuds et il fait encore plus froid que la veille. Nous avons le « Hell gate » à passer, un passage étroit avec peu d’eau et beaucoup de courant… Avons-nous vraiment le goût de faire ce passage avec ces vents?! Non! Je retourne me réchauffer dans mon lit. Pourquoi partir aujourd’hui?! Les vents tomberont demain. On peut bien attendre une journée. Le capitaine est bien d’accord et se rendort.

On passe donc une journée sans bouger, en plein milieu de rien. Mais vraiment rien! On en profite pour faire de l’école… Jusqu’au moment où nos filles sont au désespoir. Nous sommes samedi et en plus, on fait de l’école en après-midi! La tension monte. Ok, c’est vrai que nous avons rarement fait une journée entière d’école… mais aussi bien en profiter, non?! Tout le monde est fatigué de ne rien faire. C’est un peu bizarre comme sensation. Une chance que le soleil est là… mais le vent mine le moral. Cette Géorgie, nous l’avions tant aimé à l’automne passé.

Dimanche, le départ a lieu à 6h15 avec une longue liste de points à surveiller sur notre route. On n’a pas vraiment le temps de s’occuper de nos filles. Elles n’en souffrent pas trop et se font des cabanes dans leur chambre. Elles ont la paix de leurs parents et de leurs profs!
La journée se déroule bien, malgré le fait que nous avons toujours le courant contre nous. Habituellement, si on a le courant contre nous le matin, nous l’avons avec nous l’après-midi, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. Il y a tellement de rivières partout en Géorgie qu’il est difficile de faire concorder une navigation à marée haute, avec le courant… Il faut être patient. Très patient. Mais notre patience a des limites. On est juste « pu capable »!

Nous n’atteindrons pas notre objectif, qui était Beaufort… où nous aurions pu aller à terre, nous balancer dans les très belles et grandes balançoires qui longent le bord de l’eau. Ça nous atteint le mental et le moral!

Pour la première fois depuis que nous sommes partis du Québec, j’étouffe. Nous ne sommes pas allés à terre depuis 4 jours et je n’espère même plus poser mes pieds sur la terre ferme… j’exagère, mais à peine.  On a tous besoin de notre bulle que nous réussissons sans problème à trouver même sur un voilier de 42 pieds, mais là on dirait que ça éclate de partout.

À 17h, on met l’ancre dans Skull Creek, juste avant l’inlet de Beaufort.  Il fait beau, mais même le coucher du soleil ne réussit pas à nous remonter le moral. Que faisons-nous ici, pourquoi revenir?!
On revérifie la météo, on analyse l’option de continuer dans l’intracostal vs sortir en mer. D’ici, sortir en mer n’est pas ce qu’il y  a de plus logique car nous devons faire un 15 milles pour rejoindre l’océan… et si nous rentrons à Winyah Bay, nous aurons un autre 15-20 milles pour atteindre Georgetown, mais… on s’en fout!! On doit respirer un peu. La décision est facile à prendre, même si nos filles craignent de mal aller.

Elles viennent me voir à tour de rôle pour me demander combien d’heures nous serons en mer. Daphné me dit : «  je crois que j’aime mieux 5 longues journées de navigation dans l’instracostal  que 24 heures en mer ». Elle qui pleurait quelques minutes plus tôt car elle me disait qu’elle ne savait plus quoi faire dans un bateau. C’est elle qui a le plus besoin de bouger, de danser, mais elle n’a pas envie d’être paralysée pendant de longues heures à cause de l’effet des vagues et de la houle. Les émotions des enfants se mélangent à celles des parents.

Avec la lune presque pleine, je dors peu. Aussi bien naviguer! Lorsque je ferme mes yeux, je vois des flèches jaunes, oranges…. Les flèches qui apparaissent sur le gps pour nous montrer le sens du courant sont maintenant imprégnées sur mon cerveau! Aucun doute, il faut sortir en mer.

Cynthia
L'avantage de naviguer à marée basse: Il n'y a pas de doute où se trouve le haut fond!












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