Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

11 juin : Une plongée dans la rivière Hudson à New York… ou comment tenter de déprendre sa chaine qui est coincée 22 pieds sous l’eau.

Lundi matin, le soleil est toujours au rendez-vous. Perla navigue vers New York. Quelques heures plus tard, on salue la grande dame… La statue de la Liberté. On reparle de ce concept si précieux : la liberté.

Il y a beaucoup moins de petits bateaux qu’en août dernier, mais les traversiers nous font des vagues immenses. On ne s’y éternise pas! New York est si belle en ce lundi matin, comme on est chanceux de la voir de notre bateau!

Le courant nous pousse et à midi, nous sommes déjà rendus! On tourne autour des bateaux qui sont déjà ancrés, tous sur une seule ancre. On analyse bien l’endroit, les profondeurs. On opte pour la place juste derrière le dernier mooring. L’ancre est mise et testée, et retestée. Ça tient très bien.

Ouf, on est plutôt bien. Peut-être même mieux qu’au mooring… on est plus loin du trafic des nombreux bateaux, on devrait donc se faire brasser un peu moins par les grosses vagues. On avait prévu rester sur le bateau jusqu’au lendemain, mais puisqu’on est plus tôt que prévu et qu’il fait si chaud, on décide de préparer nos sacs pour aller à terre. L’étale arrive. Eric qui connait bien son ancre et sa chaine voit vite que quelque chose cloche.

— Pars le moteur, on va relever l’ancre.

Je m’exécute, je sais très bien dans ces moments-là que ce n’est pas le temps de poser des questions.

Rien à faire, l’ancre ne remonte pas. La chaine est coincée dans le fond de l’eau. Mauvaise nouvelle. On cherche les wetsuits et kit de plongée. Eric plonge dans cette eau brune. Je ne suis pas trop rassurée. On est ancrée dans 22 pieds d’eau… c’est beaucoup.

Après quelques plongées, Eric confirme que la chaine est coincée dans une branche, mais avec une visibilité nulle et à 22 pieds sous l’eau, il n’est pas capable de la déprendre. Le courant repart de plus belle. Il n’est plus question de plonger. Eric tente de déprendre la chaine en se promenant avec le dinghy, mais il n’y a rien à faire. Il faudra attendre la prochaine étale, à 19 h ou demain matin. Mais en attendant, on fait quoi? Rien! On attend. Il est hors de question de laisser Perla dans cette situation. Quand on est préoccupé, on dirait qu’on ne peut plus vivre. En plus, la chaleur nous fait suffoquer. Florane et moi avons de la misère à respirer. On attend que le temps passe…

Vers 16 h, le vent du sud se lève. Il nous pousse dans un sens alors que le courant est inverse. On avance vers l’autre voilier qui est beaucoup trop proche. Nous devrions être à environ 100 pieds de lui, mais comme notre chaine est coincée (mais pas la sienne!) une trentaine de pieds nous séparent… Et avec le vent, nous nous approchons de plus en plus, nous sommes presque côte à côte… je ris jaune en disant au gentil monsieur que nous pourrions souper ensemble! Les défenses sont installées, Alixia est au poste avec sa gaffe. Ce n’est vraiment pas agréable comme moment. Eric m’informe qu’il se prépare à larguer notre ancre si c’est nécessaire. Il va mettre une défense au bout du câblot relié à la chaine. Il reviendrait alors demain la chercher ou on engagerait un plongeur… mon ancre, ma rocna… Je n’ai pas envie de l’abandonner ici. Et le vent qui s’en mêle et qui augmente jusqu’à 25 nœuds.

Un autre voilier chasse (c’est-à-dire que son ancre ne tient plus dans le fond de l’eau) et se dirige vers nous. Le capitaine qui se réveille ne comprend pas trop ce qui se passe. Il ne trouve plus son ancre. Nous, on voit clairement que son câblot tire sous son bateau… soit qu’il est pris dans sa quille ou dans son hélice. Le Summum (C’est le nom du bateau, pas ce que l’on ressent) nous cogne, passe entre nous et l’autre voilier. Je suis certaine qu’il a coupé notre câblot… si c’est le cas… on ne reverra plus jamais notre ancre. Je suis à la barre et je surveille où s’en va Perla. Le vent, le courant… ah, un vrai cauchemar… Moi qui voulais être relaxe à New York… je suis servie!

Merci mon dieu, le câblot se tend à nouveau, il n’y a rien de brisé. L’étale arrive. On demande à nos filles de faire de la visualisation… On se place perpendiculaire au sens du courant habituel. Notre chaine doit se déprendre. Elle va se déprendre. J’avance doucement pendant qu’Eric tire sur la chaine. Voilà, j’entends le bruit qui me rassure, la chaine monte enfin… et l’ancre aussi! Yahoo!!!

Pas question qu’on retourne s’ancrer. On appelle à la marina. On pourra s’y rendre dans un peu moins d’une heure, il faut attendre que la marée monte puisqu’il n’y a que 4 pieds d’eau à l’entrée.

À 20 h 30, on est au quai avec tous nos morceaux! On a tous le droit à une bonne douche! On traverse le resto du Boat Bassin simplement pour le plaisir, car on aime tellement cet endroit. On marche un peu dans la rue et on revient sur Perla pour un repos bien mérité.

New York, nous voilà!

Cynthia

PS : Eric a donc un drôle de palmarès : après avoir plongée dans l’eau brune de l’ancrage de Cape May pour tenter de retrouver en vain notre éolienne, il a plongé dans l’eau brune de Daytona Beach pour déprendre un câble de crab pot et enfin, voilà qu’il plonge dans la rivière Hudson à New York. Après les eaux bleues des Bahamas, il pourra se vanter d’avoir plongé dans les eaux les plus brunes!!








Heureux d'être à terre à New York avec notre Rocna!

Commentaires

Anonyme a dit…
Bravo pour les bonnes réactions au bon moment! Je vous souhaite de faire une épicerie de fous soit a fairways ou ben chez Zabars, ah pis allez aux deux!! Y sont a 5 min��
La Charlotte.C.

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