Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

24 octobre: De Writhsville à Charleston, en passant par Little River et Wyniah Bay

Dimanche à Wrightsville
Dimanche matin, une fois tout le monde bien réveillé, nous partons marcher dans la petite ville de Wrightsville. Après une vingtaine de minutes, nous découvrons… un parc! Le plus beau depuis le début du voyage! Florane est toujours à la recherche de playground, mais depuis quelque temps il n’y en a plus sur notre chemin (ou nous n'avons pas le temps d'en chercher). Celui-là, tout nouveau parait-il, permet aux filles de s’amuser pendant une bonne heure!
Durant l’après-midi, nous retournons à la plage pendant qu’Eric va remplir nos bidons de diesel. La plage… que dire? Comme elle fait du bien. Celle-ci n’est pas déserte comme celles dans la Chesapeake, elle n’est pas non plus entourée d’eau turquoise comme celles dont nous rêvons, mais elle est tout de même belle et immense! On y ramasse encore une tonne de coquillages pour décorer notre château. J’observe mes filles qui s’amusent dans l’eau. Ça fait toujours du bien d’avoir une certaine distance avec nos enfants! Daphné roule dans les vagues, rit aux éclats et retourne vers une autre. Cette petite fille hypersensible qui a toujours trop chaud ou trop froid, trouve toujours son bonheur dans l’eau, même si la mer n’est pas très chaude et le vent plutôt frisquet. Eric vient nous rejoindre et lui, le brave, va affronter les vagues avec Charline, Daphné et Florane. Alixia et moi restons confortablement assises dans le sable à les observer.
Nous retournons sur Perla, rassasiés de ce petit week-end à la plage.

Lundi : Wrightsville à Calabash Creek (Little River)
Lundi, nous partons tôt, une longue journée nous attend dans l’intracostal. Nous atteignons une vitesse record de plus de 9 nœuds dans la Fear River. Nous devions coordonner notre route pour avoir le courant de 4 nœuds avec nous et nous avons réussi! La route se fait donc plus vite que prévu. Nous pensions arrêter 30 milles plus loin à Holden Beach, mais le quai de courtoisie n’est pas gratuit alors nous poursuivons notre route. Le prochain lieu d’ancrage, Calabash Creek est à 20 milles, mais il y a peu d’eau pour y accéder. Il serait préférable d’y arriver à marée haute, ce qui ne sera pas le cas. On surveille nos bouées, suivons à la lettre les recommandations des guides. À l’Avant de nous, un bateau moteur est échoué. Pas rassurant, le capitaine descend pour pousser son bateau. L’eau ne se rend même pas à ses genoux. Ils nous disent que plusieurs hauts fonds se sont déplacés avec l’ouragan Matthew. On passe avec du 5,7 pieds d’eau sous notre voilier. Nous avons besoin de 5 pieds. Nous décidons de faire les derniers milles à une vitesse de 3 nœuds pour laisser le temps à la marée de remonter. C’est long longtemps!! On arrive enfin à Calabash creek, Daphné surveille le profondimètre, moi les bouées. On passe avec 7 pieds d’eau sous Perla. On s’ancre avec le coucher du soleil. Il est temps de se reposer un peu!

Mardi : On fait du surplace!
Mardi, le départ est prévu à 7 h 30. Quelques minutes avant de démarrer le moteur, nous allumons la radio vhf. Eric entend à peine qu’un pont est fermé en Caroline du Sud. Ah… mais, lequel? Ce n’est pas clair. On écoute le très long bulletin de sécurité, on y mentionne les bouées déplacées, manquantes, celles qui ont perdu leur lumière, mais on ne mentionne pas de pont fermé. On tente d’appeler aux différents ponts qui sont sur notre plan de navigation de la journée, en vain. Personne ne répond. Nous réussissons à avoir une réponse d’une marina. La dame est claire : Le pont Soccastee près de Myrtle Beach est fermé pour une période indéterminée à cause des inondations record et elle ajoute que même s’il ouvre, nous ne pourrons pas passer le pont suivant (qui en principe est à 65 pieds). Nous avions déjà envisagé de sortir en mer pour nous rendre à Georgetown, mais le niveau d’eau dans l’Inlet de Little River n’est pas indiqué sur les cartes. On regarde l’heure. Non, nous ne pouvons pas improviser une sortie en mer à 8 h 30 du matin. Notre journée de navigation est à l’eau!
Pendant la matinée d’école, Éric part en dinghy avec son petit sonar pour aller vérifier le niveau de l’eau dans le petit inlet de Little River qui est situé tout près d’où nous sommes. Il revient avec une bonne nouvelle, il y a 15 pieds d’eau et plus, même à marée basse.
Durant l’après-midi, nous partons remplir nos bidons de diesel en dinghy. Eric avait omis de me dire que la marina la plus proche était à plus de 2 milles… et nous avons le courant contre nous. Cela nous prend une éternité. Le courant est impressionnant.
Pendant que nous attendons pour notre diesel, je dis aux filles qu’elles sont chanceuses d’être ici, sous un beau ciel bleu, plutôt qu’à l’école. Charline me répond : « mais au moins à l’école, je m’amuserais avec mes amies. » Pincement à mon cœur de mère. Depuis notre départ, près de 3 mois, nous n’avons rencontré qu’un seul autre bateau avec des enfants, Milou, avec qui nous avons passé 2-3 jours. Aucun autre enfant sur notre route… Une chance que nous en avons 4! Elles sont relativement autosuffisantes…
On repart avec notre diesel et, par chance, le courant qui nous pousse. Un bateau est ancré près de nous, Godspeed. Nous allons les voir pour connaitre leur plan du lendemain. Ils quitteront par la mer pour Georgetown, mais eux vont plus vite que nous avec leur Trawler. On repart en dinghy en direction de la plage à la sortie de l’inlet. En même temps, on visualise notre chemin du lendemain.
On se promène dans les dunes, on court sur la plage. Encore un autre très bel endroit, même si l’eau de la mer est noire comme dans l’intracostal.
Au retour, un catamaran est ancré près de nous. On va donc les voir aussi. Ils ne sont pas au courant qu’un pont est fermé. Ils feront donc la sortie en mer avec nous. Super! Nous serons 3 à partir du même endroit.

Mercredi : Little River à Wyniah Bay (Georgetown)

Mercredi, réveil à 6 h pour un départ prévu à 6 h 30. Malgré les rayons de la lune, la noirceur nous enveloppe. La pensée de sortir dans l’immensité de l’océan amène toujours son lot de petites et grandes inquiétudes. L’ancre est levée, j’éclaire les bouées, Eric barre. Perla avance doucement. Nous sommes les premiers à sortir de Calabash Creek. Gospeed et le catamaran ne tardent pas à quitter également. L’eau est un véritable miroir. Le ciel se colore de divers teintes. Le soleil se réveille tout doucement. Un crevettier nous dépasse pour ajouter un autre élément dans ce tableau déjà si beau. La rencontre du courant contre les vagues de l’océan forme un léger clapot à la sortie de l’inlet. Le capitaine dirige bien Perla. Nous sortons en douceur et nous voilà à nouveau en mer.
Nous avons un vent du sud et nous réussissons à faire de la belle voile tout l’avant-midi.
La mer est belle, mais la houle bien présente. Les cœurs fragiles de mes filles ont bien de la difficulté. Elles bougent à peine durant toute la journée. On en profite pour faire un cours de musique! On chante à tour de rôle et puis ensemble. Ensuite, on fait un peu de calcul mental : additions et multiplications. Grosse journée d’école!

Par chance, avec le vent, nous allons plus vite que prévu. Mais, nous devons coordonner notre arrivée dans le prochain inlet pour ne pas avoir le courant contre nous… Le courant sera au plus fort à 16 h, donc l’heure avant et après n’est pas non plus recommandée… à 14 h 40, nous sommes à l’entrée… et quel courant! Les dauphins viennent nous saluer! Mais, on doit rester concentré sur nos bouées. Nous avions roulé le génois avant de faire notre approche, mais nous le ressortons… le courant est beaucoup trop fort. En principe, la puissance maximale devrait être de 3 nœuds, mais c’est beaucoup plus. La veille, j’avais questionné le monsieur à la marina à ce sujet : « avec la lune de sang et les inondations, le courant était accentué ». Les bouées avec l’eau qui ruisselle semblent avancer à vive allure… la même que nous d’ailleurs! À bien regarder, les bouées, tout comme nous, ne bougent pas. J’exagère, mais à peine. Nous allons à 2 nœuds. Avec le génois, on atteint parfois une vitesse folle de 3 nœuds! Deux heures plus tard, nous arrivons à notre lieu d’ancrage avec un autre bateau rempli d’enfants : Alkemi. 3 garçons qui ont bien envie de voir d’autres enfants! Nos filles sont bien plus timides, surtout avec la barrière de la langue. Ils réussissent tout de même à jouer aux cartes ensemble et à avoir bien du plaisir, pendant que les parents échangent un peu. Ils ressortent en mer le lendemain en direction de Charleston. Nous avions envisagé cette option, sans en être convaincus. La distance dans l’intracostal est moindre que celle par la mer, mais nous avons des ponts à faire ouvrir, des hauts fonds à surveiller…

Jeudi : Wyniah Bay (Georgetown) à Charleston
Finalement, après une nuit à peser le pour et le contre, (moi, pas Eric. Lui, il dort!) nous décidons de ressortir en mer. Des vents du nord sont annoncés et devraient nous offrir une belle journée de voile. On lève les voiles en même temps que les premiers rayons du soleil apparaissent, mais le vent n’est pas au rendez-vous… La mer pour sa part est encore plus grosse que la veille. Évidemment, le cœur de nos filles ne se porte pas mieux. Florane et Daphné décident tout de même d’aller à l’intérieur pour jouer avec leurs shopkins… Mauvaises idées. J’arrive en bas, Daphné vomit, Florane la regarde et elle fait de même… ainsi de suite… Super. Heureusement, les petites figurines ont été épargnées. Elles avaient eu la sagesse de tout ranger quelques secondes avant puisqu’elles ne se sentaient pas bien.

Lorsque je vois mes 4 filles dans cette position, j’ai l’impression de leur voler une journée dans leur existence. Je m’en veux un peu de leur faire vivre ces longues journées de malaise.

Eric et moi sommes un peu partagés. Les journées dans l’intracostal sont vraiment exigeantes au niveau de la planification et de la concentration. Durant ces journées, on s’occupe à peine de nos filles. Elles avancent dans leur cahier scolaire et puis elles jouent et lisent le reste de la journée. J’ai parfois la réflexion que si nous étions chez nous, même avec le travail et l’école, nous passerions plus de temps avec elle. En mer, c’est tout le contraire, le pilote automatique peut barrer pour 3-4 heures en ligne. Bien sûr, nous faisons une vigie constante, mais ce n’est rien à comparer la navigation dans l’intracostal. Les filles sont toujours avec nous et nous avons plus de temps pour elles… mais, elles ne vont pas bien. Tout de même, un élément majeur!

Heureusement, dans l’après-midi, tout l’équipage se porte un peu bien. On réussit à jouer aux cartes et aux échecs. Nous approchons de l’inlet encore une fois trop tôt pour le courant. Par chance, ce n’est rien à comparer la veille. Le courant doit être de 2 nœuds, donc nous pouvons conserver une certaine vitesse. À 17 heures, l’ancre est mise. En soirée, nos amis d’Alkemi viennent faire un petit tour sur Perla, mais les milliers de moustiques nous obligent à regagner l’intérieur de nos bateaux respectifs. On se couche tôt en espérant avoir une bonne nuit…

Mais non! En plus du courant très fort, toutes sortes de bateaux passent au loin, gigantesque barge, petit bateau de pêcheurs, et leurs vagues finissent tôt ou tard par nous rejoindre. Le bateau se balance de gauche à droite. Une fois les vagues passées, le calme revient… on se rendort et 5-10, peut-être 15 minutes plus tard, d’autres vagues arrivent et le même mouvement de balancier nous réveille.

Vendredi, samedi et dimanche à Charleston
Le soleil se lève derrière un épais brouillard. Nous sommes bien contents de ne pas naviguer aujourd’hui. Notre seul objectif est de nous rendre à la marina à quelques milles d’ici. Nous préférons être à l’ancre, mais un front froid arrive avec des vents de 15-20 nœuds avec des rafales de 30 nœuds. En plus, pour avoir accès à la ville de Charleston, le seul ancrage recommandé se trouve après le pont de 56 pieds, on ne peut donc pas y aller. Il y en a bien un autre, mais nous lisons que plusieurs personnes y ont perdu leur ancre étant donné qu’il y a de nombreux débris dans le fond de l’eau… Et nous tenons à notre ancre. Nous attendons l’étale et vers midi, nous nous dirigeons vers Charleston Harbor Marina.

À notre arrivée, nous sommes un peu déçus du paysage qui nous entoure... Perla se trouve à côté d’un bateau-poubelle. Un gros navire abandonné. On dine rapidement et on va découvrir le site. Adjacent à la marina se trouve un hôtel de luxe avec une magnifique piscine. Il fait 30 degrés et la piscine est bien appréciée après toutes ses journées de navigation.
Finalement à bien y penser, 2 jours à aller plus au moins bien pour se retrouver dans un tel endroit, peut-être que mes filles ne font pas tant pitié?!!

Contrairement à nos habitudes, nous soupons tôt pour attraper le transport gratuit qui part de l’hôtel toutes les deux heures en direction de Charleston. On a même droit à d’excellents biscuits dans le hall d’entrée! Une fois rendue au centre-ville de Charleston, on y découvre une ville colorée avec une très belle architecture. La végétation est partout, dans la rue, dans les ruelles, sur les bâtisses. On se rend sur le bord de l’eau et on admire les fontaines, dont celle en forme d’ananas. Le retour se fait en traversant le marché public où de nombreux artistes y vendent leurs œuvres.

Nous revenons sur Perla vers 21 h, épuisés des dernières journées.

Samedi, encore une fois, nous allons à l’encontre de notre horaire habituel. À 8 h, toute la famille est dans le camion de l’hôtel en direction de l’épicerie. L’hôtel offre ce service, mais seulement à 8 h du matin. Ouf, c’est tôt. Les filles prennent conscience que leur horaire ressemblerait à ça si elles étaient à l’école... En plus, il fait froid!

Une heure pour faire l’épicerie et à 10 h, tout est déjà rangé dans notre voilier. On mange une omelette en vitesse et à midi, nous sommes déjà en direction de Charleston. On découvre une autre partie de la ville, tout aussi belle et on visite le petit musée gratuit Mace Brown dans le collège de Charleston qui contient des milliers de fossiles. On y voit entre autres le fossile de l’ancêtre du dauphin qui vivait sur terre auparavant. Nous sommes toujours fascinés par ses traces du passé. Mais, nous sommes fatigués! Nous n’avons pas l’habitude d’avoir ce rythme et d’avoir froid!

On se permet un souper au resto, le Bubba Gump. Le resto inspiré de Forest Gump. On y mange de délicieuses crevettes!! De retour à la marina, c’est l’heure du lavage et après, tout le monde au lit!
Après une nuit à avoir froid, nous avons de la difficulté à sortir de notre lit. Nous retournons une dernière fois à Charleston pour avoir la chance d’entrer dans l’une des magnifiques églises de la ville. Nous optons pour la blanche, l’église St-Michaels, la plus ancienne de la ville. Après un court moment, nous repartons nous balader sous un magnifique soleil.

L’objectif est de quitter la marina à l’étale soit vers 15 h 30. À 14 h, nous allons donc payer nos 2 nuits. Je fais part ma déception concernant notre fameux voisin de quai et on nous offre gentiment de payer qu’une seule des 2 nuits… pourquoi ne pas rester une 3e?!

Les filles décorent le bateau pour l’Halloween, Eric se rend au West Marine, je tente de planifier les prochaines journées : la mer ou l’intracostal?! Nous avons hâte d’être à Cumberland Island, le prochain arrêt de 3-4 jours, mais nous avons 150 milles à parcourir par la mer donc plus de 24 heures. Plusieurs fronts froids qui amènent souvent de gros vents semblent vouloir se succéder toute la semaine, ce qui ne correspond pas à une météo idéale. Nous avons une fenêtre de 26 heures, ce qui est un peu trop juste à notre goût. Mais par l’intracostal, la route est longue : 260 milles…

On prend un bon souper, relax, et nous passons une partie de la soirée dans le spa de l’hôtel. Un petit moment de répit qui fait du bien.

Lundi, nous quitterons la marina vers 10 h 30, soit à l’étale et nous avancerons doucement dans l’instracostal.

Bonne semaine à tous!

Cynthia

Parc à Wrightsville

Un dimanche à la plage

Ça prend un papa pour braver les vagues froides!

Les amoureux, un peu fatigués, après une longue journée de navigation

Les dunes en Caroline du Sud, près de Little River

Little River

Daphné fait des roues sur la plage.

Un crevettier échoué, tout près de notre ancrage. Pas rassurant.

Départ de Calabash Creek, Little River

On suit un crevettier.

Lever du soleil à la sortie de l'inlet.

Alixia et Charline se sont enfin endormies à l'avant de Perla.


Départ de Wyniah Bay

Un autre lever du soleil.

Alixia qui dort à l'arrière du bateau

Et nous voilà, à la marina de Charleston!!

Pas si pire, non?!

Un papa bien entouré.

À Charleston.

Une fontaine en forme d'Ananas.

Un vendredi soir à Charleston.

Florane xx

Au petit musée de science naturelle au collège de Charleston.

Forest a oublié ses souliers.

Un bon souper!

Les magnifiques rues de Charleston.

Charleston.

La vue à partir de notre marina.




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