Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

21 février : L’ermitage de Cat Island

Mardi matin, le jour commence avec une Xe écoute de la météo. Ce sont les vents de l’ouest annoncés pour jeudi et vendredi qui nous préoccupent. On les voit venir depuis jeudi passé et on espérait qu’ils s’estompent, mais non. L’île de Cat Island, selon les baies, offre une bonne protection des vents forts habituels avec une tendance est, mais aucune pour les vents de l’ouest. 

Il faudrait partir tout de suite et aller trouver une cachette dans les Exumas, Eleuthera est un peu trop loin. Mais on arriverait avec des vents de plus de 20 nœuds, ce qui n’est pas conseillé pour entrer dans les petits inlets. En plus, on serait venu ici, sans même aller voir le célèbre ermitage du frère Jérome. Une marina se trouve aussi sur la pointe de Cat Island, mais l’entrée est étroite, avec beaucoup de courant et déconseillée avec de grosses vagues.

Il y a bien une toute petite cachette, près de quai du mail boat dans Smith Bay, mais ce petit trou ne nous donne pas vraiment de marge de manœuvre.

Bon, on va visiter l’ermitage et on espère prendre la meilleure décision par la suite.
Une fois sur l’île, on oublie presque la météo. Il fait beau et chaud et la ballade est des plus agréables pour se rendre au sommet du mont Alvernia, le plus haut des Bahamas avec ses 206 pieds. Tout au long de la promenade, on admire d’en bas, l’ermitage situé au sommet.

Le frère Jérome, d’abord architecte et sculpteur, a quitté l’Europe pour venir s’établir aux Bahamas, au début des années 1900, le temps d’aider à la reconstruction d’églises après le passage de plusieurs ouragans. C’est d’ailleurs lui qui a dessiné les plans de plusieurs très belles églises de Long Island, entre autres celles de Clarence Town. ll a finalement décidé de passer tout le reste de sa vie ici, en vivant en ermite au sommet du mont Alvernia, endroit qu’il a construit de ses mains en 1939. Le lieu est en effet propice au recueillement et à la prière.

On passe par le chemin de croix et on entre dans ce qui était jadis sa maison, sa chapelle. On essaie d’imaginer ce que pouvait être sa vie en solitaire. Aujourd’hui, il fait beau, mais on se doute aussi que le vent devait être souvent très impressionnant. Après un moment à admirer ce lieu, on revient en direction de Perla. Sur le chemin, on discute avec un Bahamien, machette à la main, qui prépare ses terres pour y planter des melons d’eau. On remarque toute la différence du monde entre un projet sur une terre agricole au Québec et ici… ici, un seul homme, une seule machette… à quel moment les melons d’eau seront-ils plantés?! Un jour, c’est certain. Lequel? Ça a plus au moins d’importance.
Avant de repartir en dinghy, une gentille dame qui aurait bien aimé faire des tresses à nos filles nous suggère d’aller dans Smith Bay pour nous cacher des vents d’ouest. Comme à notre habitude, on prend ce commentaire pour un signe. On lève l’ancre et le vent nous pousse à 4 nœuds avec uniquement le génois. On pourrait garder ce cap jusqu’aux Exumas… mais on arriverait probablement à la noirceur, ce qui n’est pas une bonne idée. Après une heure, on arrive dans notre petit trou. Ouf, il y a de l’eau sous le bateau, mais à côté et de l’autre côté, il n’y en a pas. Nous qui aimons mettre beaucoup de chaines… cette fois-ci, nous ne pouvons pas. Il faudra s’ancrer sur deux ancres.

Dans ces circonstances, nous n’avons jamais l’esprit tranquille, prenons-nous la bonne décision? Devrions-nous changer de place. D’autant plus que nos filles trouvent le décor déprimant… En effet. Bon, on va au moins à l’épicerie qui est située juste de l’autre côté de la rue.
Ensuite, on part dans la très belle petite Fernandez Bay. Si au moins on était ancré ici. La baie n’est plus sauvage, comme la décrivait Luc Bernuy dans L’intracostal, le guide, mais les quelques sympathiques villas nous rappelle la pura vida du Costa Rica. Nous sommes loin du tourisme de masse à l’américaine. On s’y plairait ici… même si le sable n’est pas si blanc et que l’eau n’est pas si bleue.

Il faut se déprogrammer. Notre cerveau s’est habitué à de l’eau bleue, du sable blanc. Alors que je termine le livre de Maxim Martin qui parle de sa dépendance à l’alcool et la drogue, je fais le parallèle avec nos dernières semaines, voire dernier mois. Nous avons été drogués par ces paysages. Notre cerveau s’est tellement plu dans cette eau bleue qu’il déprime lorsqu’il ne la voit plus. Nous sommes accros… Mais, je rappelle à Alixia à quel point nous avons été heureuses au Costa Rica, alors que de l’eau bleue, il n’y en avait pas ou rarement, même chose durant nos longs mois aux États-Unis... Mais, il est vrai qu’une fois que nous avons été entourés par cette eau, durant des journées et des journées… on ne voudrait plus rien d’autre! Mais, il faut continuer à apprécier et à ouvrir nos yeux pour faire d’autres découvertes. C’est aussi, ça la vie.
De retour sur Perla, les filles se permettent une autre heure de danse sur le pont de Perla. Julie Rivest, leur prof de danse depuis toujours, apprécierait leur improvisation!
La nuit sera bonne. L’avantage de notre petit trou, c’est que plus aucune houle ne nous atteint. Le calme plat. Enfin!

Mercredi, le temps nuageux est propice aux études. On reprend le temps perdu des dernières journées en navigation. Pour une fois, tout le monde travaille bien. Wow.
En après-midi, je pars sur la terre ferme à la recherche de WiFi, pendant qu’Eric cherche de l’eau. Sur le chemin du retour, je vois Eric qui revient avec les 4 filles, bouteille d’eau à la main. Ça peut paraitre étrange, mais la scène m’émeut. Elles sont bien belles avec leur père, à faire des allers-retours avec leur lourde bouteille. Le bonheur réside aussi dans le simple fait de trouver de l’eau potable si près de notre ancrage. Le quai que l’on trouvait si affreux devient soudain bien agréable, avec eau, salle de bain et épicerie à proximité. La preuve que tout est relatif.
Avec ce temps nuageux, on décide de se faire un petit souper confort-food : hamburger steak, (grâce au sachet de sauce apporté par mes parents) pomme de terre pilée (grâce à la découverte de ces sachets par Serge et Louise) et salade de choux. On se croirait un soir d’automne. La soirée se termine devant un film.

On espère pouvoir dormir… le vent souffle déjà à 20 nœuds. Eric reste éveillé jusqu’à minuit. Les rafales à plus de 30 nœuds viennent à bout de mon sommeil. On essaie tant bien que mal de s’alterner pour dormir, mais le sommeil demeure très léger. Le matin arrive enfin, avec la clarté qui nous confirme que nous sommes bien à l’abri, on voit les vagues qui se brisent à l’entrée de notre cachette. Il reste maintenant le mail boat à surveiller… peut-être attendra-t-il à vendredi pour venir, le temps que les vents se calment. Cela ferait bien notre affaire! À suivre…
Cynthia

L'ermitage du frère Jérôme à Cat Island.








La vue de notre ancrage, on a déjà eu mieux!

Le bonheur de se faire une cachette, même dans une mini chambre de bateau.


Poules, coq et Perla à Cat Island

Fernandez Bay, Cat Island

Les charmants chemins qui mènent aux villas

Salle de lecture, en après-midi!

Récréation sur la plage!



Commentaires

Unknown a dit…
J'ai bien aimé ma visite! Mais quand vous parlez de noeuds et autres termes techniques, peut-être pourriez-vous les mettre en comparaison avec, par exemple, la vitesse du vent qu'on connaît sur terre. Ce serait plus facile pour comprendre pour nous qui ne naviguons pas!

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