10 au 13 février : Un dernier weekend à George Town chargé en émotion
Vendredi, jour de vent, grosse journée d’école. On reste
toute la journée dans le bateau. On en paie toujours un peu le prix en soirée
lorsque les filles se mettent à courir partout sur les banquettes. On se calme!
On doit prendre des décisions importantes, quelle direction
prendrons-nous et quand partons-nous? Les vents seront légers à partir de
lundi, mais mes parents partent mardi. Devrions-nous aller nous amuser une
dernière journée sur notre magnifique banc de sable ou on profite de la météo
clémente? Nous avons écarté depuis quelque temps l’idée d’aller à Cuba, il y a
déjà beaucoup à voir aux Bahamas, on préfère en profiter au maximum. Il y a les
Ragged Island qui intéressent Eric pour la pêche et la langouste, mais je
préfère qu’on y aille au minimum à deux bateaux, car dans ce coin de pays, il
n’y a absolument rien, pas d’eau potable, pas de gaz, ni de diesel et il faut
se rendre très loin pour trouver un tout petit village. C’est une longue
navigation qui aurait été logique si on se dirigeait vers Cuba, mais ce n’est
pas le cas. Je trouve de mon côté que le temps commence à être compté si nous
souhaitons voir Long Island, Conception, Cat Island, Eleuthera et enfin les
Abacos.
Sébastien de One Life, le meilleur de tous les pêcheurs,
nous informe qu’il remontera dans les Exumas ou selon lui il y a la meilleure
chasse aux langoustes à faire. Au départ, nous n’avions pas envisagé de
remonter par le même chemin. J’y ai bien pensé parfois, même souvent dans les
derniers jours, car il y a certaines plongées que nous n’avons pas pu faire à
cause de la température, mais sans plus. Eric aurait bien envie de trouver des
langoustes en abondance, il en a tellement cherché. On mijote tout ça. Et au-delà
des lieux, il y a les gens…
On commence notre samedi avec un cours de yoga sur la plage
tout près du Chat n’ Chill. Les larmes ruissellent sur mes joues à la fin du
cours. Un trop plein d’émotion. Ça fait toujours un grand bien d’avoir une
heure pendant laquelle personne ne dit « maman ». On fait un peu
d’école sur la plage avec la lecture de l’album Un bon point pour Zoé. En
revenant vers Perla, on fait un petit arrêt à Thalasso pour jaser un peu avec
Josée. Eux aussi sont à prendre des décisions… et Josée est dans le même état
que moi.
Il vente trop pour que grand-papa et grand-maman viennent
sur Perla alors on décide de partir vers la plage du Sand Dollar où se trouve
des sentiers de randonnée. Avant que je détache le dinghy, Charline me
dit : on n’a pas nos kits de plongée… On les garde toujours dans le dinghy
au cas où nous verrions les dauphins. Mais là, il ne fait pas très chaud… Bon,
on les prend quand même.
Quelques minutes plus tard, que voit-on? Nos amis les
dauphins!! Eric saute le premier à l’eau et réussit à les toucher. En bougeant
les bras, il fait même sauter le petit bébé. Je rame comme une folle dans ce
vent. Je me décide à partir le moteur et voilà, ça marche (oui, oui, vous devez
dire, il était temps qu’elle soit capable de le partir ce moteur…) Eric peut
profiter de ce moment sans que l’on dérive jusqu’à George Town! Il revient au
dinghy et c’est à mon tour de replonger avec Daphné et Charline. On nage avec
eux, surtout qu’avec nos palmes, on réussit à les suivre plus facilement. Ils
s’enroulent les uns aux autres et se donnent des bisous. Le spectacle est de
toute beauté. Ils reviennent régulièrement vers nous et replongent dans le fond
de l’eau. Ils sont tout autour de nous! Alixia et Florane préfèrent admirer le spectacle
à partir du dinghy. Eric retourne dans l’eau, alors que c’est moi qui conduis
le dinghy. Mes filles n’arrêtent pas de dire que je suis bonne!! Les dauphins
resteront avec nous durant plus d’une heure. One Life et Vagabond55 ont le
temps de venir nous rejoindre, mais on ne réussit pas à rejoindre Thalasso et
La smala.
Quel moment, on est choyés.
On termine la journée sur la plage et on revient sur Perla
alors que le soleil commence à baisser.
Dimanche matin, notre décision est prise. Nous partirons
lundi en direction de Long Island. C’est donc la dernière journée que nous
passerons avec mes parents. Pourtant lundi aurait été magnifique pour profiter
de l’eau turquoise avec eux… mais c’est la météo qui dicte nos déplacements.
Nous nous doutons que Thalasso prendra le chemin des Exumas avec One Life. Nous
passons à leur bateau avant d’aller rejoindre mes parents à terre. Ils nous
confirment qu’en effet, ils ne prendront pas la même direction que nous. Mon
cœur chavire.
On se rend à la toute petite église de Georgetown avec mes
parents. La célébration est magnifique, avec tous ces chants et les voix à
l’unisson. On y parle de l’amour, bien sûr en cette semaine de la St-Valentin
et également que lorsque l’on dit oui, c’est oui et lorsque l’on dit non, c’est
non… J’ai la réflexion que tout n’est pas toujours si blanc ou noir, il est parfois
si difficile de prendre une décision.
Un sanglot immense me prend alors que les chants nous
enveloppent. Je pense à mes parents qui nous quittent déjà, à mes sœurs, mes
beaux-frères, neveux et nièces, amis (es), tante et oncle, à ma grand-mère que
j’ai serré dans mes bras avant notre départ et qui est décédée à l’automne, à
mon grand-papa…
Florane vient me serrer dans ses bras. Mes filles les
connaissent ces larmes, elles les ont vu beaucoup avant notre départ.
On va diner au February Point et on peut profiter de la
magnifique piscine et du spa tout l’après-midi. Nos amis de Thalasso viennent
nous rejoindre. On passe un merveilleux après-midi. 16 h arrive. Il est
déjà temps de partir. On dit un dernier au revoir à mes parents et on les laisse
avec le très beau Resort en arrière-plan. Ces moments sont toujours un peu
irréels… On vous aime, merci d’être venus passer un moment avec nous dans ce
paradis. Nos larmes se mélangent à l’eau salée qui nous revole en pleine
figure. Au moins, pour une fois, nous avions sorti la bâche sinon, nous aurions
été trempés de la tête au pied.
De retour sur Perla, la tribu de Thalasso vient nous
rejoindre. Marie-Claude et Sébastien de One Life ne sont pas à leur bateau, on
aurait bien aimé prendre un dernier verre avec eux. Les enfants s’amusent à des
jeux de société pendant que les adultes parlent de tout et de rien. La vie
continue… même si l’on sait que demain nous ne prendrons pas le même chemin. On
se dit au revoir. Beaucoup trop d’au revoir dans une seule journée. J’ai de la
difficulté à voir clair.
Les heures de la nuit passent sans que le sommeil s’empare
de moi. Peu importe comment je me place dans mon lit, la lumière de la pleine
lune pénètre par l’une ou l’autre des écoutilles, comme si je devais passer un
interrogatoire, lumière en plein visage.
Mille et une questions défilent dans ma tête. Pourquoi ne
pas tout simplement suivre les gens que l’on aime? Pourquoi ne pas tout
simplement retourner dans un lieu qui nous a tant charmés? À quoi ça sert de
découvrir d’autres endroits, si on n’a personne avec qui partager ces lieux?
Pourquoi aller vers un autre peuple alors qu’il y a tellement de gens que l’on
aime derrière nous? Tous ces questionnements, je me souviens les avoir eus
également quelques semaines avant mon départ. Quelques semaines où j’ai
tellement apprécié tout ce que j’avais autour de moi, ma famille, mes amis, ma
rue et mon voisinage, ma maison, les amies de mes filles et leur famille, leur
école et tout le personnel… Je me souviens m’être dit qu’il ne doit pas y avoir
beaucoup de moments dans une existence où l’on réalise autant la valeur de tout
ce qui nous entoure (et je ne parle pas de la valeur monétaire, mais de la
valeur humaine).
Alors on ne peut pas embarquer dans les valises de ses
parents pour aller serrer ses sœurs dans ses bras, on ne peut pas non plus
suivre un autre équipage, même si on les aime profondément. On prend toutefois
conscience à quel point nous sommes chanceux d’avoir croisé cette famille… Sur
une plage, on se disait Josée et moi que nous devions être des sœurs cosmiques.
Par conséquent, toute sa famille s’imbrique parfaitement dans la mienne.
Après une nuit blanche, lundi matin, comme prévu, nous
levons l’ancre à 7 h. La larme à l’œil, on fait un signe de main à One
Life qui prend la direction opposée. On salue une dernière fois la tribu de
Thalasso. Et on sait que l’on laisse sur la terre ferme mes parents. Il y a
beaucoup trop de larmes qui sortent de moi. Un puits sans fond. Le voyage se
poursuit. Il fait merveilleusement beau. Un petit vent nous permet même de
hisser les voiles.
On navigue durant un bon moment avec La Smala, on essaie de
les convaincre de venir dormir à Long Island avant de poursuivre vers les
Ragged, et eux nous tentent avec leur guimauve autour d’un feu de camp… Eric et
sa rationalité me ramènent à l’ordre!! Une fois que l’on a pris une décision,
on la garde… Oui, mais des fois les plans sont faits pour être changés?! C’est
vrai que nous avions déjà pesé le pour et le contre des Ragged. On conserve
notre cap. On verra ce que nous réserve la suite du voyage.
Cynthia
L'une des raies qui se tient près du Chat'n Chill |
Eric qui plonge pour aller rejoindre les dauphins. |
Dans les sentiers près de la plage Sand Dollar |
Un dernier diner avec grand-papa et grand-maman. |
Grand-papa et Charline au très beau February Point. |
Alixia et Isaac. |
Nuit de pleine lune ou d'interrogatoire?! |
On laisse Thalasso derrière nous. |
On navigue durant une moment avec La Smala. |
Commentaires
Mel (former SV Joyride)
Sommes en direction d'eleuthera
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