Le coût

Mais qu’est-ce que ça coûte?

Depuis le temps que l’on prépare ce périple, nous discutons avec les gens de notre projet, notre rêve. Plusieurs questions viennent à nous : comment vous faites pour l’école, pour votre travail, avez-vous assez d’expérience. Certains même nous demanderont : combien ça coûte un voyage comme ça.

 À première vue, cette question peut paraitre effrontée, voire déplacée dans notre âme de québécois qui craint de parler d’argent. De mon côté, cela ne m’a jamais dérangé, d’autant plus que ma blonde a une folle manie de demander à tout le monde combien a couté leur maison, leur bateau. Si les gens veulent en parler ils le disent, sinon, ils changent de sujet!!!

À cette question, je réponds, ça dépend!!! Premièrement: le prix du voilier et puis un an de salaire!!! Juste à regarder, ça peut faire peur.   De plus une fois aux Bahamas, le coût de la vie devient exorbitant : douzaine d’œufs à 9 $ US, choux fleur à 10 $ US, caisse de bières à 50 $ US. Mais au fil des préparations, on se rend compte que l’argent, bien qu’elle prend une place importante, n’a pas de grande valeur (ici, je ne fais pas référence au taux de change en US de nos pesos canadiens $$$)

Le confort et la facilité de notre foyer sont troqués pour l’espace restreint. On se rend compte à quel point nous sommes dépendant de nos facilités : eau, égouts, poubelles, voiture, électricité et j’en passe. Comment sont rendus nos réservoirs d’eau? Quand est-ce qu’on va pouvoir faire un pump out (vidange des réservoirs d’eau brune), les batteries sont-elles assez chargées. Ce sont des questions qui font partie de notre quotidien. Marcher 30 minutes avec l’épicerie dans les bras et des petites filles exténuées jusqu’au bateau est devenu une tache hebdomadaire.

Il ne s'agit pas ici de vacances, mais bien d’un voyage, car la différence est nette. Bien sûr, nos photos sur le blogue laissent voir une vie de plage et de bon temps. Mais croyez-nous, ce n’est pas le Club Med. Bien sûr, nous prenons des moments pour visiter et relaxer, mais un peu comme à la maison, il y a toujours des tâches, et disons que sur un bateau, il y en a beaucoup. Il y a l’école des filles, planifier la navigation l’entretien et réparation du navire (vérification des pompes, changement d’huile du moteur…)  Un jour quelqu’un m’a dit : « Sailing, it’s to fix your boat in an exotic place » malheureusement, c’est vrai. La « to do list » ne s'efface jamais.

Je ne me plains pas, au contraire. Je veux simplement dire que tout cela n’est pas de la chance. Nous ne sommes pas chanceux. En fait oui, la seule chance que j’ai c’est d’avoir rencontré une blonde extraordinaire qui rêve avec moi.  Pour tout le reste, c’est du rêve, du travail, des compromis. Avoir voulu ne rien faire, nous aurions pris notre argent et nous nous serions payés 10 mois dans un tout inclus aux Bahamas.. La vue du haut de la montagne est toujours plus appréciée après avoir marché et sué pour atteindre le sommet. Il faut gagner notre liberté et elle ne rime pas avec facilité.

Dans cette expédition, nous voyons des gens qui voyagent avec de vieux voiliers, qui flottent tout juste (j’exagère) et des yachts de plusieurs millions de dollars. Tous ces bateaux flottent et vont dans la même direction et vont se rendre à bon port. Tous ces bateaux vont voir la même eau turquoise, les mêmes plages spectaculaires, les mêmes poissons. Mais le voyage n’a pas le même coût pour tout le monde. Le coût de quelque chose, c’est ce que l’on est prêt à se départir pour avoir autre chose.

Bref, voilà le coût de notre voyage, un quotidien changé, des préoccupations différentes, une vie différente. Lorsque nous nous engageons à payer ce prix, on peut gouter à la liberté d’aller où l’on veut, d’avoir les plus beaux couchers de soleil au monde, d’avoir une vue différente chaque jour lors de notre déjeuner, de voir des dauphins, des aigles, des poissons, des tortues et plein d’autres animaux dans leur état naturel. Ce voyage nous permet également de faire des rencontres extraordinaires, découvrir des lieux inaccessibles, avoir une vision du monde d’un autre côté, celui de l’océan.

Alors pour cette nouvelle année, rêvez, et agissez en fonction de vos rêves. Lorsqu’on désire vraiment quelque chose, tout l’univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. Peu importe le projet, tout est réalisable, il suffit de se lancer et d’en absorber le coût.

 Eric