28 août : La folie de New-York, le calme de Sandy Hook

août 30, 2016

28 août : La folie de New-York, le calme de Sandy Hook

Il fait beau comme toujours. Le soleil commence à baisser. Les filles dansent sur le pont. De nombreux oiseaux se trouvent sur le mur de roches brise-lame qui nous protègent des vagues. Au loin, nous apercevons New York. Les poissons sautent tout autour du bateau. On se trouve à Sandy Hook, bien relax après des journées folles à New York. (Mais comme rien n’est parfait, on a aussi une odeur de notre réservoir d’eau brune [nos toilettes] qui semble être plein, mais la marina ici est fermée le dimanche. En plus, de milliers de poissons morts flottent à la marina. L’eau trop chaude, les bluefish qui les poussent derrière le brise-lame, ils se retrouvent ici beaucoup trop nombreux, manquent d’oxygène et meurent. Lorsque l’on voit que l’eau est tapissée de poissons morts, nous réfléchissons inévitablement à l’effet du réchauffement de la planète… Mais, par chance, à notre ancrage, nous sommes plus loin de tous ces poissons morts.)

Aujourd’hui, c’est la fête de Daphné. 7 ans. Notre grenouille. Elle porte ce nom, car quelques semaines avant sa naissance, nous avions écouté La grenouille et la baleine avec Charline et Alixia, film marquant de mon enfance. D’ailleurs, c’est probablement pour cette raison, entre autres, que je suis sur l’eau. En écoutant le film, Eric a craqué pour Daphné (Fany Lauzier) et c’était son tour d’avoir le dernier mot pour le prénom de notre fille à venir. Et voilà que notre petite merveille qui naissait quelques semaines plus tard héritait de ce prénom. 7 ans plus tard, les dauphins (peut-être Elvar?!) sont apparus au loin pour lui dire bonne fête. On ne s’attendait pas à les voir ici. Wow. C’est magique! Nous avons hâte de les voir à l’étrave de notre voilier!

Les dernières journées ont été remplies et plus que remplies!

Mardi passé, nous sommes arrivés à New York à 9 h 30. Nous atteignons notre premier objectif! Et en plus, nous avions un mooring à la marina de la 79e street. Le voilier Mon île s’y trouvait aussi. On espérait tellement avoir la chance de les croiser, souper avec eux dans une baie tranquille. Mais c’est toujours la météo qui décide. Nous avons réussi à avoir un 2 heures en leur compagnie avant qu’ils quittent New York. Ils reviennent de 2-3 mois en voilier avec leurs 3 jeunes enfants. En voilier, on aime les gens rapidement. Peut-être est-ce dû au fait que nous n’avons pas de filtres. Nous sommes comme on est. Donc, on aime ou on n’aime pas. Nous comprenons exactement ce que les autres vivent et nous savons qu’ils nous comprennent aussi. Après avoir dit au revoir (déjà!) à l’équipage de Mon île, nous sommes partis à la découverte de New York…

Il fait chaud, les gens ne nous sourient pas, nous ne savons pas trop où aller. Alixia dit qu’elle ne comprend pas pourquoi tout le monde parle de New York. Elle préfère Burlington! Depuis le dernier mois, partout où nous allons, les gens sont heureux de nous voir arriver avec 4 enfants, et trouvent mon anglais plus que moyen plutôt sympathique. Ici, nous semblons arriver d’une autre planète, personne ne me comprend lorsque je pose des questions. Ouf. Le choc est grand. Nous décidons d’aller nous balader dans Central Park et nous n’arrivons pas à trouver de plan pour nous y retrouver. Bon! Après avoir parlé à un gentil (enfin!) bénévole, nous retrouvons notre chemin et apprécions un peu plus. Après 4 heures dans le Parc, nous nous dirigeons vers Time Square. J’en avais gardé un si bon souvenir à 16 ans. Avec mon groupe de 11-12 filles, nous étions pratiquement seules à courir sur Broadway sous la pluie battante. Nous avions eu un fun fou! Plus de 20 ans plus tard, le tableau n’est pas le même. Il y a tellement de monde. Nous devons tenir nos filles par la main et nous laisser avancer par la foule. On se prend une pointe de pizza 99 cent, les filles sont heureuses! Nous revenons finalement à la marina à pieds vers 10 h… 10 h de marche. Les petites jambes sont fatiguées. Nous partons en dinghy pour nous rendre sur Perla. Une fois rendue, je descends en premier, mais je me demande bien comment je vais faire pour faire descendre les filles. Le courant est très fort. J’ai de la difficulté à garder le dinghy près du voilier et soudain les vagues arrivent du sens inverse et le font embarquer sur la plage du voilier. C’est vraiment étrange. Le vent, le courant, les vagues arrivent de divers sens. On réussit enfin à être tout le monde à bord, mais ça brasse de tous les sens. Vite, tout le monde se couche. Après un certain moment, ça se calme et on réussit à dormir.

Dès le réveil, Charline a mal au cœur. On dirait que l’on navigue et pourtant nous sommes attachés à une boule de mooring. Le courant est si fort qu’il nous pousse devant cette fameuse boule et le voilier la cogne régulièrement. On se dépêche pour déjeuner et nous retournons sur la terre ferme. Et qu’est-ce qu’on fait à New York quand la marina met à notre disposition une laveuse et une sécheuse?! On fait du lavage! Et mes parents arrivent quelques heures plus tard! De la belle visite! Nous partons en metro vers Ground Zero.

J’avais eu la chance de monter dans l’une des 2 tours jumelles, un autre beau moment dans ma vie. Aujourd’hui, le site est totalement transformé. Dès la sortie du metro, on aperçoit une gigantesque structure blanche qui représente un phénix. Le phénix qui renait de ses cendres. Derrière, les immenses fontaines-piscine rappellent l’emplacement des deux tours jumelles. Des arbres remplissent le site de sérénité. Comme quoi la vie reprend toujours le dessus. Même sur les plus grandes tragédies.

Nous partons ensuite à pied (erreur… nous aurions dû prendre le metro) vers le HighLine. C’est Sarah de Mon île qui nous avait parlé de cet endroit. Nous avons donc marché plus d’une heure pour nous rendre vers un sentier de marche! Un ancien Sky train a été transformé en sentier pédestre. C’est de toute beauté et c’est vraiment agréable d’y circuler, même s’il y a encore du monde partout! Mais après la visite de Ground Zero, plus d’une heure de marche, toute la troupe n’a pas une terrible envie de marcher encore! On fait tout de même plus de la moitié du sentier et nous allons ensuite souper dans un petit resto italien.

Nous revenons à la marina, encore une fois à la noirceur et il faut maintenant se rendre à 8 sur Perla. Les vagues sont encore plus grosses que la veille. Ah… et on réussit! On jase un peu à bord et tout le monde préfère prendre la position horizontale. Ma mère est comme Charline et est sensible au mal de mer. J’espère que personne ne sera malade. Mais au-delà du mal de mer, une fois couchée je m’inquiète pour notre voilier. Il doit se demander pourquoi nous lui faisons vivre cela. Le voilier ne cesse de cogner sur la boule de mooring, les vagues et le courant nous poussent dans tous les sens, le bateau semble se cabrer. Le bruit est infernal de l’intérieur. Je me questionne si nous ne devrions pas tout simplement détacher Perla de cette fameuse boule. Mais où irions-nous? Je finis par m’endormir malgré le vacarme.

Le lendemain, nous réussissons à manger des crêpes (donc à les faire aussi!), même si ça brasse toujours. Et nous retournons à la découverte de New York. Diner dans le quartier chinois. Nous allons ensuite marcher sur le pont de Brooklyn. Une autre merveille! C’est vraiment impressionnant, mais la foule de touristes diminue notre plaisir. Encore une fois, nous devons tenir chacune des filles par la main, sinon nous risquons d’en perdre une dans la foule. En plus, les vélos roulent à vive allure. Nous faisons l’aller-retour sur le pont et reprenons le metro en direction de Time Square. Alixia tenait à y retourner avec grand-papa et grand-maman. Daphné ne cesse de parler du toutou qu’elle a vu dans l’une des petites boutiques de souvenir. Elle est littéralement tombée en amour avec lui… On retrouve le fameux toutou, que grand-papa et grand-maman offrent à Daphné pour sa fête. Son prénom : I love New York. Nous revenons à pied vers la marina. Il fait déjà noir.

Nous avions planifié aller souper au Boat Bassin café. Lorsque nous arrivons, nous choisissons une table à l’extérieur, mais des gouttelettes se mettent à tomber. On nous assigne une place à l’intérieur. Mais le bruit est extrême. Il est impossible d’entendre la personne en face de soi. Je retourne voir s’il pleut vraiment… non. Et nous retournons à l’extérieur. La pluie se remet à tomber, nous changeons de table pour une avec un grand parasol. Et voilà, nous pouvons enfin souper!! (ne pas oublier que nous sommes 8, les déplacements ne passent pas inaperçus!)

De retour sur Perla, c’est le premier soir un peu plus calme. On peut en profiter un peu à l’extérieur. Enfin, une nuit relativement tranquille.

Vendredi, mes parents repartent déjà. Ouf, c’est toujours beaucoup d’émotions. Après un dernier signe de main, nous nous dirigeons vers le Musée de science naturelle. Nous sommes d’abord surpris lorsqu’on nous dit que nous pouvons payons plus ou moins que le prix demandé. Euh, quoi? Le prix s’avère la contribution suggérée. Avec 4 enfants, je crois qu’on peut se permettre d’en avoir un gratuit, ce n’est pas trop exagéré?!

Nous commençons par la section Planétarium. Nous sommes tous fascinés par l’univers, notre galaxie, notre système solaire, alors on y passe plus d’une heure… Nous réalisons ensuite la grandeur du musée. Et notre petite marmaille en a déjà assez après cette première section. Il y a encore 4 étages à visiter. Tout est impressionnant, intéressant, mais l’énergie n’y est plus. En plus, on gèle avec l’air conditionné!! Par chance, les filles avaient un chandail à manche longue dans leur sac, mais pas moi. On doit donc combattre le froid, alors que nous avons si chaud depuis plusieurs semaines. Nous réussissons à parcourir presque l’entièreté du musée, mais plusieurs sections ont été faites rapidement. Il faudra y revenir un jour.

Une fois à l’extérieur, déjà 16 h, nous reprenons des forces. Un saut dans le metro vers le Rockefeller Center. Promenade à l’extérieur, on va faire une prière à la Cathédrale St Patrick et, à la demande des filles, nous retournons manger notre fameuse pizza à 99 cents! Encore une fois, nous revenons à la noirceur. C’est magique d’arriver à la marina. Il faut passer par le Boat Bassin Café qui est constitué d’une immense structure de pierre. Nous empruntons les marches qui mènent au resto qui mène ensuite à la marina. L’éclairage tamisé ajoute à la magie. C’est la dernière fois que nous empruntons ce chemin, demain nous quittons New York. Alixia me dit que finalement, elle aime ça New York : « tous les jours, il y a quelque chose à faire de différent… ce n’est pas comme sur le bateau. On navigue, on lit, on joue aux cartes… » Oui, en effet, New York est à l’opposé de la vie sur un voilier. Il faut pouvoir apprécier les deux.

Après une autre nuit plutôt calme, nous quittons notre boule de mooring. La vue sur New York est magnifique. Nous passons saluer la Statue de la liberté et nous poursuivons notre navigation vers Sandy Hook. Samedi, nous ancrons dans la baie Horseshoe Cove et nous allons un peu sur la plage. Elle est remplie de carapaces de Horseshoe crabe, cette espèce vieille de plusieurs millions d’années. Il s’agit de l’une des rares espèces encore vivantes aujourd’hui qui a vécu à l’époque des dinosaures. Au musée Echo à Burlington, ils en ont en aquarium pour en parler et en faire la prévention.

Aujourd’hui, nous nous sommes déplacés du côté de la marina, car nous devons faire le plein de diesel et le pump out. Avant de quitter, nous devons faire des achats au West Marine et faire une autre épicerie. Nous attendrons ensuite les vents du nord, idéalement Nord-Ouest, pour nous diriger vers Cape May.

Cynthia