19 avril au 21 avril : Un dernier moment aux Bahamas : Allans-Pensacola et Great Sale
Voilà, dernier matin où j’écris des Bahamas. Le soleil va se lever bientôt. Une fois le déjeuner pris, nous ramasserons tout ce qui peut trainer et/ou tomber en navigation et nous lèverons l’ancre. Comme on voudrait étirer le temps. Heureusement, nous en avons bien profité. Le petit prince demande au renard qui lui dit qu’il va pleurer à son départ ce qu’il en gagne (d’avoir été apprivoisé). Et lui de répondre : La couleur du blé. En effet, le blé n’a plus le même scintillement après avoir croisé le Petit Prince et ses cheveux dorés. Nous aussi, nous allons pleurer… mais tous les bleus de notre vie n’auront plus la même signification. Plus aucune teinte de bleu ne sera vide de sens. Certains nous rappelleront l’eau des Exumas, la vue du haut d’un sommet, d’une plage, le bleu en pleine navigation, les dégradés, le bleu translucide en dinghy dans les mangroves… Les Bahamas ont envahi notre cœur.
Et finalement, les Abacos nous ont charmés. Après nous avoir refroidis à notre arrivée, au sens propre et figuré, une journée à la fois, nous avons vu ces iles sous un autre œil. Les iles au nord du Whale cut nous ont particulièrement conquis. Est-ce parce qu’elles sont les dernières visitées? Ou est-ce des endroits où le temps s’arrête hors du monde?
Notre dernière journée à Allans-Pensacola a été bien chargée. On fait l’école buissonnière. Dès 9 h, nous sommes dans le dinghy pour aller chercher d’autres sea glass. C’est que la veille, Gilles et Nancy de Charlotte nous ont dit que nous n’étions pas allés sur la bonne ile. On se dirige vers Guineamans Cay. Le sentier pour se rendre du côté de l’océan n’apparait pas sous nos yeux. On traverse donc par la pointe rocheuse… Ah ces roches pointues, je ne les aime pas… Et évidemment, une roche se brise sous le pied de Florane et elle tombe. Ouf, elle s’en sort avec une bonne coupure dans la main et quelques égratignures. Heureusement, l’océan est devant nos yeux, tout comme les rochers remplis de trou. Le verre s’y trouve prisonnier et s’y fait brasser. Il frotte contre le sable et les parois rocheuses et devient tout doux. Nos yeux s’ouvrent grand pour trouver ces petits morceaux.
Est-ce parce que ça fait 5 mois que nous sommes aux Bahamas que nous pouvons passer autant de temps à gratter dans le sable pour trouver des petits bouts de verre? Les gens « normaux » sont au travail, à l’école pendant que nous sommes accroupies à observer le sable. Qu’allons-nous faire avec ces morceaux? Une mosaïque, un petit coffre, un bijou? Cela n’a aucune importance. Nous les cherchons, comme nous pourrions chercher des diamants, une véritable chasse au trésor. Nous en faisons une belle cueillette! Les filles sont heureuses!
Du côté océan, on trouve finalement le sentier qu’Eric identifie pour les prochains visiteurs, jusqu’à l’autre côté de l’ile. Un bout de bois ramassé sur la plage nous permet d’y inscrire PERLA VII. C’est qu’à Allans Pensacola, il n’y a pas de Boo Boo Hill comme dans les Exumas, mais plutôt un « Signing Tree ».
On repart en dinghy pour retourner sur l’ile voisine. Un autre sentier, celui-ci mieux identifié, mène au fameux Signing Tree. Derrière cet arbre, une magnifique longue plage se dessine sous nos yeux. L’arbre porte de nombreux noms de bateaux… et derrière ces noms nous savons qu’il se cache bien des rêveurs. On accroche notre bout de bois, on laisse, nous aussi, notre trace, heureux d’avoir touché à toutes ces petites iles des Bahamas.
Et voilà qu’avec des enfants, la réalité n’est jamais toute rose, Daphné nous fait une crise de larmes puisqu’Eric a utilisé SA corde qu’elle avait trouvée sur une plage de Green Turtle. Elle est difficilement consolable. Les émotions sont à fleurs de peau chez notre petite grenouille, est-ce vraiment la corde ou le fait qu’elle sait bien que l’on foule le sol des Bahamas pour une des dernières fois?!
Après un petit diner, on retourne dans le dinghy avec l’espoir de faire une ultime plongée. Le vent souffle toujours fort de l’est, les vagues sont plus grosses que l’on pensait. On fait un autre tour de dinghy extrême, mais on ne trouve pas la voiture qui est censée être cachée sous l’eau. Le fond marin est de toute beauté et les poissons nombreux, mais nos filles n’osent pas sauter dans l’eau avec ce vent et ces vagues. On revient vite sur nos pas.
La journée se termine sur une petite plage avec les équipages de No agenda et La smala. On ne fait rien. On discute du départ vers les États-Unis. Nos mains, nos pieds caressent le sable. Comme il va nous manquer!
Le temps file, le soleil baisse, on sait bien qu’il faut retourner sur nos bateaux respectifs, mais nous n’avons pas le goût. On voudrait que le temps s’arrête.
Great Sale
Jeudi, on quitte Allans-Pensacola à 7 h, après que le ciel se soit coloré de rose. On navigue uniquement à voile pour les 35 milles à venir. La journée est fabuleuse. L’eau d’abord verdâtre à cause du fond gazonneux devient ensuite d’un beau bleu. Après la déception d’avoir perdu encore un autre gros poisson, on a le bonheur de voir apparaitre un dauphin, puis un autre, puis un autre! Alixia joue de la flûte à l’avant du bateau et on dirait que ces bruits les attirent.
Vite, les gilets de sauvetage et tout le monde sur le pont. Une dizaine de dauphins viennent jouer à l’étrave de Perla.
On crie comme des folles! C’est incontrôlable. On rêvait de ce moment depuis si longtemps, des dauphins qui nagent avec Perla dans de l’eau transparente! Ils sont partout, passent sous le bateau, se collent sur Perla, sautent autour de nous. On n’a pas assez d’yeux pour voir de chaque côté du bateau. Il y en a un là, un autre par là, ils sont là! On se penche par-dessus bord pour mieux les voir jouer avec Perla. Quel spectacle pour notre avant-dernière journée aux Bahamas.
Quelques minutes plus tard, on s’ancre à Great Sale. On en est rendu à nos derniers préparatifs pour la traversée : dégonfler le paddle board, ranger les rames, vider le dinghy, serrer les kits de plongée, ranger le bateau, etc. On prend plein de photos avec cette eau bleue en arrière-plan. On admire nos voisins d’ancrage, La smala, qui prennent d’autres photos de mariage. (C’est qu’ils se sont mariés 2 jours avant sur une plage déserte de Manjack, allez lire leur histoire sur leur blog!).
Notre dinghy nous mène une dernière fois sur une ile des Bahamas. C’est qu’on tient à fouler le sol une dernière fois. On prend des photos de familles et des photos de groupe avec La smala et No agenda. Et voilà, c’est vrai. C’est la fin. Annick et moi marchons dans l’eau claire. Non! Pas déjà! Eh oui, toute bonne chose à une fin. Je parle avec l’océan. Je veux qu’elle soit douce avec nous demain.
On retourne à notre dinghy qui nous offre une dernière promenade sur de l’eau bleue. Malgré le vent, on met nos vestes et on prend un dernier apéro sur le pont. On discute des derniers 5 mois. Comme le temps a passé vite.
À la fin de notre souper, la vie nous offre encore une fois un spectacle où aucun billet n’est en vente. Alors que le soleil s’apprête à se coucher, le ciel se pare de ses plus belles couleurs. Les voiliers autour de nous lèvent l’ancre, 3, 4, 5 et plusieurs bateaux à moteur également. Ils filent en direction du soleil, ils commencent leur traversée vers le États-Unis. Nos filles jouent du conch. C’est si beau! On a soudain envie de partir nous aussi, de nous joindre à eux. Quel moment pour quitter les Bahamas. Mais non, on ne peut pas partir là, on a prévu de dormir une bonne nuit. Mais, le spectacle est d’une telle beauté que l’on comprend que c’est aussi tout aussi parfait de partir. On les admire durant une bonne trentaine de minutes. Ils ouvrent leur génois et deviennent de plus en plus petits, avec le soleil qui disparait en laissant le ciel orangé. On leur souhaite une magnifique nuit, une belle traversée.
Cynthia
Commentaires
Zenroots et son équipage suivent maintenant vos traces vers les Berry et les Exumas.