7 décembre : Navigation sur le Great Bahamas Bank
Le 7 décembre, nous levons l’ancre en direction des Berry
Island en passant par le Great Bahamas Bank, une étendue d’eau de plusieurs
milles où il y a entre 15 et 30 pieds de profondeur d’eau.
Le soleil est au rendez-vous avec des nuages gris au loin.
On lève la grande voile et le génois et on file sur l’eau. On a bon espoir de
pouvoir fermer le moteur lorsque nous changerons de cap après avoir contourné
l’ile de Bimini. Eric met sa ligne à l’eau et explique le rôle de chacun
lorsque nous attraperons un gros poisson. Quelques minutes plus tard, le fil se
déroule, ça mord. On met le moteur au neutre, mais nos voiles nous font tout de
même avancer à 3 nœuds. Alors que nous ralentissons, l’averse nous rattrape. On
est tout mouillé, mais Eric n’abandonnera pas sa prise… finalement, c’est la
prise qui nous abandonne. Ah… ce n’est pas grave, le prochain, on va réussir à
en voir la couleur.
En changeant de cap, le vent tombe… Pas moyen d’avancer avec
nos voiles seulement. On rentre même le génois qui ne fait que balloter de
gauche à droite. La navigation sur le banc nous impressionne. De l’eau bleue à
perte de vue, tout est calme. Les rayons de soleil en de Perla, la grisaille au
loin. On voit dans le fond de l’eau, même si le profondimètre nous indique 20
pieds d’eau sous la quille.
On entend nos amis de Thalasso à la VHF qui eux faisaient
leur traversée du Gulf Stream durant la nuit et se dirigent directement vers
Nassau, un 30 heures de navigation. Si on s’entend sur la VHF, c’est qu’il y a
moins de 25 milles qui nous séparent. Bon, peut-être un peu plus, car on ne s’entend
pas très bien, mais on sait qu’ils ne sont pas très loin. Toute la famille a
bien hâte de retrouver ce bateau et surtout son équipage!
Ça mord à nouveau à la ligne, les filles sont à leur poste
et encourage Eric. Une dizaine de minutes plus tard, un beau long poisson
apparaît, mais avec une gueule effrayante. Notre livre nous confirme que c’est
bien un barracuda. Ces poissons sont souvent porteurs de la maladie de La
ciguareta, et il est déconseillé de les manger. On le remet à l’eau en espérant
que le prochain, on puisse le mettre sur la table pour le souper! Entre-temps,
nos amis de No agenda nous appelle pour nous dire qu’ils ont attrapé un thon,
les chanceux!
Une heure plus tard, un autre barracuda mord à l’hameçon.
Eric a bien du plaisir à le sortir de l’eau, mais on se dit que deux, c’est
assez! À chaque fois, nous ralentissons pour ne pas mettre trop de pression sur
la canne à pêche. Nous sommes déjà quelques milles derrière Luciole et No
Agenda.
Une autre touche, cette fois-ci ce sera un thon. Eric
confirme que ça ne tire pas autant que les deux fois précédentes. Il le ramène
rapidement et tout à coup, le fil se met à dérouler… Notre poisson s’est fait manger
par quelque chose de plus gros. On craint qu’il parte avec tout : appât,
fil, canne à pêche... Les 500 verges se déroulent à toute vitesse. Le voilier
sur le neutre, j’ai l’étrange impression que le poisson nous fait dériver et
tourner. On pense au poisson d’un Vieil
homme et la mer d’Ernest Hemingway. On raconte l’histoire aux filles. On
essaie d’imaginer ce qui se trouve au bout du fil… Eric en sueur fait de son
mieux pour rapprocher sa prise. L’excitation à son comble, le temps passe sans
qu’on s’en rende compte. On tente de voir au loin ce qui tire autant. Après une
heure de bataille constante, on aperçoit un requin… vraiment! Mais qu’est-ce
qu’on fait? Eric réussit à le ramener à côté du bateau, pourrions-nous au moins
sauver notre appât? Hum… non! Et le requin reprend des forces et s’éloigne à
nouveau. Bon d’accord, il a gagné! On coupe le fil. Pas de poisson, mais quelle
expérience!
Nos deux équipages amis sont déjà loin, No agenda préfère ne
pas dormir sur le banc, on leur dit donc au revoir sur la VHF, Luciole nous
attendra plus loin. Nous ne sommes pas pressés, car notre souhait est de dormir
sur le banc. Puisque nous naviguons sur une étendue d’eau peu profonde, lorsque
nous sommes fatigués, nous n’avons qu’à sortir du canal et jeter l’ancre. Ce
que nous ferons vers 18 h. Au milieu de rien, nous faisons cuire notre
saumon qui vient de l’épicerie, mais avec pleins d’histoires de pêche qu’on se
raconte à nouveau avec un verre de vin à la main. 15 ans plus tôt, Eric avait
conquis mon cœur en ce beau 7 décembre avec une balade sur la rue Mont-Royal et
un sac de réglisse. 15 ans plus tard, il a mis le paquet avec une navigation
sur l’eau bleue, 2 barracudas et un requin!! Le genre de journée qu’on n’oublie
jamais! La nuit est belle, enveloppante. On se couche en remerciant la vie, le
bon dieu, d’être ici, si bien.
Cynthia
Commentaires
Toujours fascinant de vous lire
Ici la froidure et la neige nous enveloppe mais on y préfère cela à lire vos péripéties
Bon 15e anniversaire