Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

23 avril: Un printemps avec le coeur lourd


Alors que je relis et réécris certains textes de notre année sur l’eau, (je me suis lancée le défi de tout rapatrier pour en faire un livre) mes doigts prennent une pause. Mon regard se tourne vers ma piscine verte qui accueille des centaines de gouttes de pluie. Je pense à Perla. Au fil des mois, elle est redevenue un bateau. Alors qu’il y a un an, nous étions imbriqués, nous ne faisions qu’un avec notre navire, maintenant que nous sommes à nouveau dans notre maison, notre bateau ne vibre plus, ne vit plus. Sinon, je n’aurais pu la laisser seule sous le vent, le froid et la neige. Je ne pourrais la laisser seule sous la pluie.

Chaque chose reprend sa place. Un bateau redevient un simple bateau. Cela va dans l’ordre des choses. Et pourtant, on dirait que tout va de travers. Notre cœur ne sait plus comment battre, nos yeux ne savent plus s’émerveiller. Le capitaine ne sait plus quelle direction donner à l’équipage. L’équipage ne sait plus s’il ne serait pas préférable de se jeter par-dessus bord.

J’exagère un peu. Dans les faits, la vie suit son cours. Tout se passe bien à l’école pour nos 4 filles, mais parfois certains soirs, elles se couchent tellement tristes. Tristes que le quotidien soit si ennuyant. Bien sûr, elles ne réagissent pas toutes de la même façon. Certaines se plaisent dans la routine, ce qui fait mal à mon cœur d’aventurière : je n’ai pas réussi à semer le goût de la découverte en elle? D’autres voudraient que chaque jour soit baigné par de l’eau bleue translucide, qu’il y ait des tortues, des dauphins, des langoustes… Mais cela ne peut être notre réalité, et je me dis encore une fois que j’ai failli à mon rôle de mère, celui de transmettre le goût de la vie, apprécier chaque parcelle de bonheur… notre réalité…  En parlant avec ma chère amie Josée de Thalasso, on se confirmait qu’on ne revenait pas sans séquelles… En effet! Alors, pourquoi avoir eu cette envie de partir… et pourquoi avoir toujours cette même envie?!

Peut-être que quelque part, à l’intérieur de moi, je savais que des moments uniques se cachaient dans ce détachement de notre vie habituelle, que dans la lenteur on pouvait véritablement observer la vie, la nôtre, celle des autres, la vie marine, la vie terrestre sous toutes ses formes. Le retour est difficile, car nous avons trouvé un trésor: un autre rythme de vie. J’ai l’impression que notre cerveau a subi des modifications majeures. Malgré tout,  j’ai envie de repartir une autre fois avec mes enfants, prendre à nouveau le temps de prendre notre temps,  découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, nous redécouvrir nous-mêmes.

Cynthia


Commentaires

Unknown a dit…
Pensées pour toute la famille... venez prendre une pause dans les Cantons! Vous aime et souhaite que l'été vous apporte du renouveau!
Jason

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