Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

La Delaware, Chesapeake City et Sassafras River


Le 7 septembre, nous levons l’ancre vers 6 h du matin, laissant derrière nous, 12 pieds sous l’eau, notre éolienne. Les vents sont plus forts que ceux annoncés. En sortant du inlet on voit que la mer est déjà bien formée. On s’y attendait, avec les vents des derniers jours. Mais nous n’avons qu’une courte navigation avant d’arriver dans la baie du Delaware. Plusieurs bateaux peuvent passer par le canal de Cape May et ainsi éviter cette sortie en mer. Toutefois, notre voilier à un tirant d’air de 62 pieds, il ne passe donc pas en dessous des ponts du canal. Nous devons contourner la pointe de Cape May par la mer. Il fait merveilleusement beau et malgré les vagues, ça demeure tout de même confortable. On revérifie la météo. Les vents prévus de 10-15 nœuds sont plutôt de 15-20 nœuds et vont diminuer durant la journée jusqu’à devenir nul. Mais en approchant de l’embouchure de la baie du Delaware, les vents sont plutôt soutenus à 20 nœuds. On le sait, on nous l’a dit, on l’a lu, Luc Bernuy l’écrit aussi dans son livre, L'instracostal, le guide. La baie du Delaware est traitre. Mieux vaut la naviguer par vent léger. 

Nous sommes partis tôt pour avoir le courant avec nous, mais l’on sait aussi que le vent contre le courant fait de bien mauvaises vagues. Les vagues arrivent de partout. Autant la mer a été douce avec nous durant notre navigation entre Sandy Hook et Cape May, autant la baie du Delaware se montre à nous sous son pire jour. Ça brasse, ça cogne… Les vagues roulent sur le pont. Je confirme avec Eric que tout est bien fixé sur le pont : kayak, bidons de diesel et d’essence. La seule inquiétude d’Eric : notre ancre. Je tiens à mon ancre, mais encore plus à Eric. Bien attaché avec sa ligne de vie, il se rend à l’avant pour sécuriser doublement notre ancre, en prenant une douche bien salée au passage. Nous avons quelques fois vu de grosses vagues sur le lac Champlain, entre autres sur P’tit Vagabond, mais nous avions le temps de les voir venir. Cette fois-ci, les vagues sont grosses et très rapprochées. En plus, elles viennent de tous les sens. On avance péniblement à 2-3 nœuds. À cette vitesse, on va rester longtemps dans cette mauvaise soupe. 

Je retourne à l’intérieur pour écouter une seconde fois la météo. J’entends un léger « maman », mais je reste concentrée sur la météo. Daphné sort de sa chambre : « J’ai vomi… » Ah non. Florane se tortille également sur la banquette : « maman, je ne sais pas où j’ai mal, on dirait que j’ai mal partout. Ce n’est pas bon signe. » Je sors des bols pour ne pas avoir d’autres dégâts à ramasser. Je m’occupe de Daphné comme je peux. Charline aussi est verte. Je donne de l’Advil aux 2 petites et de la Cocculineaux 2 grandes (médicament homéopathique contre le mal des transports). Je ne me sens pas très bien non plus. Alors,on mange des chips à 9 h du matin! Alixia et Charline s’endorment, Florane et Daphné restent couchées sur la banquette à fixer le vide. 

Étonnamment, dans cette longue baie de 50 milles, il n’y a pratiquement pas de lieu d’ancrage. On revérifie sur les cartes et sur Active Captain. Soit que l’on revient sur nos pas, soit que l’on persévère. On espère que les vents vont rapidement diminuer tel qu’annoncé. Finalement, vers 11 h, ça se calme; à 13 h, les vents sont pratiquement nuls. Merci mon Dieu! On peut recommencer à vivre, les filles se remettent à jouer. On avance doucement sur l’eau, on croisde gigantesques cargos et on observe la centrale nucléaire. Même si nous ne réussissons pas à faire officiellement une journée d’école, on parle des différentes formes d’énergie. D’ailleurs Alixia et Charline ont déjà lu Tatiana, au pays du vent (au programme scolaire pour janvier ou février… mais elles ont lu tous leurs livres) qui raconte l’histoire d’une petite fille qui vit avec les conséquences de Tchernobyl. Elle vient se refaire une santé en Gaspésie. On leur fait remarquer que nos choix et notre consommation ont toujours un impact. Il n’y a aucune production d’énergie qui n’en a pas. Mais assurément, nous ne voudrions pas avoir une centrale nucléaire comme paysage quotidien.

Vers 16 h, nous entrons dans le Canal qui relie la baie du Delaware et la baie de Chesapeake, à 18 h, nous entrons dans le tout petit bassin de Chesapeake City. Par chance, nous arrivons à marée haute. Notre profondimètre indique,pour un moment, 7 pieds. Au fond du bassin, il y a 12 pieds d’eau, nous y jetons l’ancre. Nous devrons attendre la marée haute pour ressortir d’ici… Eric est prêt à repartir à 5 h le lendemain matin, je suggère d’attendre plutôt la fin de la journée. On est bien dans ce petit bassin, mais il fait chaud. Sur notre radio vhf, lorsqu’on entend : hooot, c’est qu’il va faire hot!

Jeudi matin, même s’il fait excessivement chaud, on va marcher découvrir la toute petite ville de Chesapeake city. Les maisons des années 1800 sont magnifiquement restaurées. Dans l’après-midi, nous visitons le musée au bord de l’eau qui raconte l’histoire du canal. D’abord un rêve un peu fou d’un cartographe, Augustine Herman, dans les années 1600, il s’est concrétisé dans les années 1800. Un autre canal creusé à bras d’homme. Aujourd’hui, il s’agit du canal le plus achalandé au monde avec plus de 15 000 navires qui l’empruntent chaque année.

Nous levons l’ancre vers 15 h en direction de la Sassafras River. À 18 h 30, nous sommes ancrés et nous pouvons sauter à l’eau. Il s’agit de la seule rivière de la baie de Chesapeake avec de l’eau douce. Nous allons pouvoir dessaler Perla et nous nettoyer. Avec cette chaleur et cette humidité, nous en avons bien besoin! Plus personne ne rouspète lorsque nous disons que c’est le temps de se laver!Et nous soupons avec un merveilleux coucher de soleil en arrière-plan. (et aussi les cris de Florane qui fait une grosse colère… rien n’est parfait!)

Vendredi, 9 septembre, c’est la fête d’Alixia! 11 ans déjà… Petite journée tranquille à faire une peu de mathématique en avant-midi, jouer dans l’eau, faire du kayak, paddleboard… Malgré la chaleur plus qu’intense, on cuisine un gâteau, faisons du pain et finalement des pâtes aux crevettes, commande de la fêtée. Ouf, il fait chaud dans le bateau! La journée se termine avec un film : La note parfaite, cadeau de fête d’Alixia.

Cynthia
Voici le genre de bateau que l'on croise dans la Delaware

Ce que l'on voit durant tout le temps que l'on progresse dans la Delaware, une centrale nucléaire.
Remarquez l'eau si calme après du si mauvais temps en avant-midi...

La charmante ville de Chesapeake city

Coucher de soleil dans la Sassafras Ruver

Superman avec le coucher du soleil (on se sent un peu comme sur le lac Champlain)

Matin de fête d'Alixia, 11 ans déjà...

Même avec la chaleur, on fait un peu d'école avec le sourire!!

Apéro sur le pont, avec des doritos!!

Bonne fête Alixia!! 


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