Conférence au Salon du bateau de Montréal et cours-atelier à la Société de Sauvetage
La vie est drôlement faite. En prenant cette photo, l’une
des rares où nous apparaissons tous les 6, on ne savait pas qu’on la verrait si
souvent! On pensait encore moins être au Salon du bateau pour présenter une conférence ou à la Société de sauvetage pour donner un cours-atelier.
L’histoire derrière l’image ou ce que je vois, moi, lorsque je la regarde
Chaque image nous renvoie à une histoire. C’est peut-être entre
autres ce qui est difficile au retour d’une telle année. On dit qu’une image
vaut mille mots, mais nous, chaque fois qu’on regarde une photo on est catapultés
sur place avec mille mots, mais aussi mille sensations! Petit à petit, on réussit
à les regarder en conservant le bonheur de chaque instant, sans pour autant y
replonger avec la nostalgie de cette vie passée.
Signing tree – Allans-Pensacola
La recherche de seaglass occupe notre matinée, l’une de nos dernières sur le sol bahamien. On observe attentivement chaque trou dans les rochers en espérant y trouver des morceaux de verres colorés polis par l’océan.
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La recherche de sea glass |
Eric trouve un bout de bois sur
la plage, il pourra y inscrire le nom de notre voilier en prévision de notre visite
au célèbre Signing tree d’Allans-Pensacola. En fait, il n’est « célèbre » que pour les navigateurs qui
s’habituent à vivre entourés d’iles désertes, avec peu de dénivelé et de végétation,
qui après quelques temps, voient l’extraordinaire partout, alors pour eux, un arbre peut facilement devenir un incontournable.
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Eric prépare notre "pancarte" |
Pendant qu’Eric travaille à y inscrire tous nos noms, j’observe et photographie les sea biscuits sur le bord de la plage.
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Sea biscuit |
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Daphné et Florane prennent la pose avant que l'on reparte en dinghy |
Une fois le travail terminé, on embarque dans
le dinghy afin de trouver le sentier qui mène à l’arbre en question. Alixia
trouve ces quêtes futiles. Elle n’a pas tout à fait tort. Mais, c’est ce qui remplit
notre quotidien. D’ailleurs, se rendre aux Bahamas avec un moyen de transport si
lent est probablement tout autant futile?! Une fois rendus, il faut bien sûr
prendre la scène en photo pour la graver à tout jamais dans notre esprit.
Je cherche des roches pour placer mon appareil photo. Je ne
suis pas de l’époque des selfies, j’ai encore un bon vieux reflex Nikon.
Couchée par terre, je m‘assure que tout le monde rentre dans l’objectif. Ça exaspère
un peu Alixia. Après 9 mois de voyage, elle est plus que tannée que je souhaite
à tout moment immortaliser l’instant. Elle acquiesce tout de même à ma demande.
On vient de réaliser qu’on a peine de photos de famille. Seulement deux, je
crois. C’est d’ailleurs la première fois du voyage que j’utilise le déclencheur
automatique.
"Placez-vous! Ça semble correct. Oups! J’ai pesé sur le mauvais
bouton. Attendez un instant. Comment on fait dont Eric? OK, laissez-moi une
p’tite place. Attendez, ne bougez pas, on en prend une autre, juste au cas ou!"
"Allez les filles, on fait une grimace!" lance Eric! Personne n’acquiesce
à sa demande, il n’y a que lui qui sort la langue!
Voilà. À ce moment précis, on est heureux. Je le sais. Je
m’en souviens parfaitement. Cette sensation qu’il n’y a rien de parfait, mais qu’on
fait ce que la vie nous dicte de faire à l’instant présent. Oui, c’est vrai que
c’est futile d'écrire sur un bout de bois le nom de notre bateau. Mais dans cet
arbre qu’on observe, on remarque que nous ne sommes pas seuls. On fait partie
de tous ces navigateurs qui ont atteint un rêve et surtout qui l’on vécut. On pourrait ne voir qu’un arbre banal avec des bouts de bois d’accrochés,
des bouées ou n’importe quel autre objet inusité trouvé sur une plage, mais... il
y a tellement plus.
Les filles se dissipent déjà et courent sur la plage. Eric se charge d’attacher notre
bout de bois dans l’arbre et utilise une corde que Daphné a trouvée sur une autre plage. Erreur. Crise de larmes. Daphné est inconsolable. C’était SA
corde. Elle voulait l’utiliser pour pratiquer des nœuds. La peine est immense. Les
émotions des filles comme des parents sont à fleurs de peau. On sait que nous
quitterons les Bahamas dans un jour ou deux. On sait que notre rêve réalisé
touche à sa fin.
Et ici, près de cet arbre rempli de noms de bateau qui signifie
tout autant de rêve précieux, on ressent un mélange d’émotions tout comme des
centaines d’autres navigateurs l’on probablement vécut ici ou ailleurs. On
prend pleinement conscience que le voyage se passe rarement comme prévu. Que
même au paradis, il y a des crises, des moments plus difficiles. Mais, que la
vie se vit à travers ces fluctuations et que les moments magiques surgissent
lorsqu’on s’y attend le moins, lorsqu’il n’y a pas de planification, lorsque la
spontanéité prend toute la place.
Alors, lorsque je regarde cette photo, le regard de mes
filles, celui d’Eric et le mien, je vois tout ça. Je vois que nous sommes
heureux, vraiment, et tout simplement. Même s’il n’y a rien de parfait, même si
une crise suivra. Je vois Florane et Daphné et leurs regards coquins; Charline
avec sa sérénité et son bien-être de vivre sur l’eau; Alixia, avec son sourire sincère,
même si à 11 ans et demi, sa mère lui tape un peu sur les nerfs avec ces milliers
de photos. Car la vie, c’est ça aussi. C’est une fraction de seconde qu’on
porte dans notre cœur pour l'éternité et qui nous ouvre sur un monde qui n’est pas toujours
rose, mais où la vie suit un autre rythme.
Parce que dans cette image, dans nos yeux, il y a derrière
nous 5 mois aux Bahamas et 4 mois sur la côte est américaine. Il y a le bonheur
d’avancer lentement sur l’eau, de vivre 24 h sur 24 en couple et en famille, malgré les
colères, les « elle me tape sur les nerfs », malgré tous les malgré…
Bref, je l’aime cette photo, qui fait en sorte que l’on se souvient de tout :
le merveilleux, comme les moments plus difficiles.
Parfois, on ne sait pas trop pourquoi on prend une telle
direction, mais la vie se charge de nous mener au bon endroit. Il suffit d’avoir
confiance en la vie, en l’autre et en soi.
Alors au-delà de cette image, c’est avec bonheur (et aussi
un léger stress!) que nous serons au Salon du bateau le 1er et le 2 février
pour offrir une courte conférence : 45 minutes, c’est vite passé! Nous
donnerons également un cours-atelier à la Société de sauvetage le 17 février
pour ceux qui aimeraient partir un jour en famille. Nous aurons alors 4 heures
pour vous parler de tout le chemin que nous avons parcouru avant même de débuter
le voyage.
Cynthia
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Allez les filles! Une dernière photo avant de quitter cet arbre! |
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