26 et 27 mars : Magic Manjack
Dimanche, Bill nous invite sur son bateau pour parcourir la
mangrove à marée haute. À 8 h 45, tout le monde est déjà sur le quai.
Josée, Marine et Gabriel nous rejoignent.
Le soleil est au rendez-vous, mais le vent frisquet. Le ciel
bleu, l’eau et la mangrove. Une tortue, puis une autre. Je pense à ma tortue
sur ma cheville que je me suis faite tatouée à 16 ans. J’aimais les tortues,
sans savoir pourquoi. 21 ans plus tard, je sais. Que nous soyons sous l’eau ou
à l’extérieur, on adore les admirer. Elles sont gracieuses. Presque magiques.
Elles volent doucement et disparaissent subitement, tellement elles peuvent
être rapides.
On n’en voit pas autant qu’espéré, mais la balade en bateau
commence bien la journée. Quelle chance nous avons d’être là, en famille, ainsi
qu’avec nos amis de Thalasso. On les aime eux, d’une façon bien particulière…
un peu comme ces tortues!
La journée se poursuit avec des promenades en kayak et en
dériveur, discussion sur la plage, jeu dans le sable. La tribu de Thalasso se
prépare à retraverser vers les États-Unis. On sait que nos journées ensemble
arrivent à leur fin…
Après un cocus autour d’une crotte de poule, (oui, oui
vraiment… ce n’était pas planifié quand même!) Yan propose de passer notre
dernière soirée à l’épaule, c’est-à-dire que l’on attache Perla et Thalasso
côte à côte. Eux aussi ont besoin de se coller pour se dire au revoir!
Les enfants sont heureux de pouvoir passer d’un bateau à
l’autre, les parents aussi! On a une pensée pour nos amis du voilier Milou. La
seule fois où nous avons été à l’épaule depuis le début de notre voyage, c’est
avec eux et c’est aussi la dernière fois que nous les avons vus.
La soirée est belle, on est bien. On chante bonne fête à Florane en avance et on mange du gâteau au chocolat. Les enfants jouent aux
cartes, écoutent un film, pendant que nous discutons de la vie, de tout et de
rien. Les heures passent, tout le monde doit aller au lit.
À 6 h, lundi matin, je suis debout. Thalasso se prépare
à partir. Je chuchote aux filles, si jamais elles veulent venir dire au revoir,
c’est le moment. Tout le monde sort de son lit. Je sers Josée et Yan dans mes
bras, salue Gabriel qui sort alors que nous détachons les amarres qui relient
Thalasso à Perla. Nos bateaux se reverront, mais plus aux Bahamas. On se
reverra, mais le contexte sera différent. Thalasso s’éloigne, alors que les
larmes coulent doucement sur mes joues. On leur souhaite une traversée paisible.
Tout le monde retourne dans son lit, mis à part moi. Je sais
que le sommeil ne reviendra pas. Le voyage se poursuit, mais on sait cette
fois-ci que nous ne recroiserons plus nos amis de Thalasso.
Finalement, personne ne se rendort vraiment. On se sent un
peu comme le lendemain de Noël. Tout le monde est fatigué et peut être un peu
déprimé. Que faisons-nous ici, maintenant que tous les bateaux amis sont
partis?!
Il faut se reposer pour y voir plus clair.
Dans pareille circonstance, il n’y a pas de grands projets
pour la journée et tout le monde peut faire ce dont il a envie, y compris rien.
Les filles peuvent même prendre congé d’école. Charline, Daphné et Florane
partent à la chasse à la langouste avec Eric, pendant que je reste avec Alixia.
On révise en mathématique. Malgré la fatigue, l’efficacité s’avère à son
maximum dans le silence du bateau.
En après-midi, seule Daphné veut venir marcher alors que les
autres préfèrent faire de la couture. On marche en forêt en amoureux avec une
seule enfant!! Elle est heureuse notre petite Daphné qui a toute l’attention de
ses deux parents. Une fois sur la plage, elle joue dans le sable pendant que
nous continuons à marcher sur la très belle et longue plage. Eric et moi, on
peut pour une fois marcher main dans la main et discuter entre adultes.
La journée se termine avec une soirée magique… Bill, le
propriétaire de l’ile, nous invite à un feu de camp sur la plage. On y va un peu
à reculons, car nous sommes fatigués, mais plutôt que de ne rien faire au bateau,
aussi bien aller admirer un feu.
2 minutes de dinghy sur une eau calme nous amène sur la
plage. Les milliers de maringouins nous accueillent, une chance que nous avons
du chasse-moustique! Les autres navigateurs se présentent, tous des
anglophones, bien plus âgés que nous, mais tous bien sympathiques. L’un sort
une guitare, un autre un violon, l’un installe des amplificateurs, des micros…
en tout, il y a 4 guitares, 2 violons, 2 tam tam et une flûte traversière. Je
demande à la dame à la flute s’ils se connaissent tous? Non, c’est un pur hasard.
Quel hasard. Leurs voix sont magnifiques. C’est irréel.
Daphné et Florane dansent sur le bord du feu, au son de la
musique. Mes pensées dérivent vers un court métrage qui circulait sur facebook
concernant le conformisme. Mes filles devraient être couchées à cette heure
pour être en forme pour aller à l’école demain matin, comme tous leurs amis.
Elles feraient sûrement des plus belles lettres sur une feuille, peut-être que
les mathématiques seraient plus faciles pour Daphné, que les compréhensions de
textes se feraient sans problème, ainsi que les réponses aux questions
d’appréciation et de réaction… mais pour cette année ce n’est pas ce que l’on a
choisi. Et lorsqu’elles improvisent une danse sur une musique tout autant
improvisé, j’espère qu’elles apprennent, qu’elles développent le plus important
pour être heureux dans la vie. J’écoute cette musique, entre autres, Blowing in
the wind avec les larmes qui ruissellent encore sur mes joues. « The
answer is blowing in the wind… »
Comme on est bien, comme on est chanceux d’être là! Il ne
manque qu’Alixia pour que mon bonheur soit complet… elle a préféré rester dans
son lit à lire et tricoter. À 11 ans, on a parfois besoin de s’éloigner un peu
de sa famille…
Cynthia
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Daphné et Isaac en dériveur. |
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Thalasso et Perla à l'épaule. |
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Jeu de cartes pour les grands. |
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Une balade avec notre enfant unique le temps d'un après-midi! |
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