18, 19 mars : Tricot et guitare à Marsh Harbour.
Les fins de semaine se suivent, mais ne se ressemblent pas!
Samedi, le soleil est au rendez-vous, mais le fond de l’air
frais nous donne l’impression de vivre une belle journée d’automne. Ces
journées où l’on va cueillir des pommes, fraicheur le matin et le soleil qui
nous réchauffe sur l’heure du diner. Mais ce n’est pas l’automne et il n’y a
aucun verger à proximité.
Il faut se réjouir… c’est la température parfaite pour faire
de l’école. Les cahiers de français et de mathématique sont presque terminés.
Les filles nous soulignent que c’est la première fois qu’elles font toutes les
pages, sans aucune exception. Nous arrivons à la révision. Nous aurons du temps
pour revoir les notions moins bien maitrisées. Durant ce matin calme, j’en
profite aussi pour faire une bonne sauce à spaghetti, une vraie! Avec des légumes
et de la viande! Pendant ce temps, Eric exécute la tâche qu’il préfère :
faire des allers-retours pour remplir les réservoirs de diesel et d’eau.
Durant l’après-midi, on va marcher, mais on ne trouve rien
de beau pour nos yeux. D’ailleurs, j’oublie mes lunettes de soleil et j’arrive
à peine à ouvrir mes yeux. Ce n’est pas à cause du lieu, quand même, mais
plutôt le reflet du soleil lorsque je me retrouve sur la terre… C’est vraiment
bizarre. Bref, je ne me sens pas très bien, alors après une petite ballade
d’une heure, nous retournons sur Perla. Et qu’est-ce qu’on fait aux Bahamas en
plein mois de mars?! On tricote!! Les filles sortent aiguilles et laine et tricotent
tout le restant de l’après-midi.
La journée se termine avec guitare et chants. La soirée est
belle, mais nous avons besoin de tuques, manteaux et bas pour pouvoir en
profiter pleinement!
Dimanche, le soleil est au rendez-vous avec une petite brise
de l’ouest. On décide de se gâter. On se laisse glisser sur l’eau avec le
génois jusqu’à Man O War. Nous savons que le vent doit augmenter vers midi,
toujours de l’ouest… et que durant la nuit, il sera fort du nord-ouest, pour se
stabiliser au nord. Alors, si notre ancrage est protégé du nord, on va se faire
brasser un peu durant la journée, mais nous devrions pouvoir dormir sur nos
deux oreilles…
Erreur. Lorsque l’on vient pour s’ancrer, les vents
augmentent subitement, ainsi que les vagues. Nous savons que la tenue est
meilleure dans le nord de la minuscule baie et c’est là qu’on tente de mettre
l’ancre. Pour la première fois depuis le début du voyage, la tenue est nulle!
Derrière moi : des rochers, à côté : un banc de sable avec des vents
d’ouest qui aimeraient bien m’y pousser. Quelques secondes sont suffisantes
pour savoir que l’on ne restera pas là! Eric doit relever la chaine et l’ancre…
Perla ne doit pas aller par-dessus, mais je ne peux pas non plus me laisser
pousser vers la berge, alors je manœuvre comme je peux!
Quelques petites minutes stressantes et on ressort de cette
petite baie. Comme on aurait aimé aller marcher sur la plage qui se situe de
l’autre côté de la petite butte… une autre fois!
Et là, qu’est-ce qu’on fait? Nous n’avons pas vraiment envie
d’aller prendre un mooring et de nous entasser avec d’autres bateaux. Il
faudrait aller à l’autre ancrage réputé pour avoir une bonne tenue, mais tout aussi
exposé au vent d’ouest. Personne à bord n’a envie de se faire brasser tout
l’après-midi… Surtout lorsque l’on sait qu’à seulement une heure de navigation,
nous serons totalement à l’abri.
Alors, on remet le cap vers Marsh Harbour. Même si on est
plutôt déçu de revenir sur nos pas, on est heureux de naviguer dans de la belle
eau bleue. On garde espoir de trouver un ancrage avec cette eau quelque part
dans les Abacos!
À 13 h, nous sommes à nouveau dans l’ancrage de Marsh
Harbour. L’eau est verte, mais on est bien! On est à l’abri du vent! Pour
l’instant, une nuit de sommeil paisible prime sur tout le reste.
L’après-midi se passe entre tricot, jeu de société, pain et
dessert. Petite vie tranquille! Petit souper bien relaxe aussi avec un
magnifique coucher de soleil qui vient agrémenter la fin de notre repas. On se
sent comme sur le lac Champlain. Même si nous n’avons pas envie que notre
voyage se termine, on se rappelle que nous y étions bien heureux. Chaque chose
en son temps. Oui, il fait froid, oui, on dirait que tout d’un coup, notre
voyage a pris fin. Mais, on garde espoir que la chaleur reviendra et qu’on aura
encore la chance de nager avec des poissons tout autour de nous, de pêcher
peut-être de la langouste (nos chances sont de plus en plus minces, la pêche à
la langouste se termine le 1er avril), de connaitre encore les
Bahamas par une chaude journée!
La journée se termine avec un autre Conte pour tous :
Pas de répit pour Mélanie où le personnage principal reçoit sa correspondante
le temps d’un été. Mes filles ne comprennent pas trop l’idée d’avoir une
correspondante… Je réalise à quel point la vie a changé en si peu d’années. Le
bonheur d’écrire une lettre à quelqu’un qu’on ne connait pas… le bonheur de
recevoir une lettre, une fois par mois, aux deux mois… mais comme elle était
attendue.
L’attente… C’est difficile parfois de patienter, mais comme
cela peut être bénéfique. L’attente transforme tout. Plus l’on attend, plus le
moment attendu est merveilleux, multiplié par mille. Plus l’on rêve de quelque
chose, plus l’on est heureux de l’obtenir. J’espère que nos filles seront
capables de vivre de nombreux moments d’attente, qu’elles ne seront pas avalées
par notre monde de surconsommation et qu’elles sauront patienter avant de
combler le moindre désir. Les véritables besoins, les véritables rêves ne
disparaissent pas, ils perdurent, deviennent de plus en plus
limpides. Alors que tout ce qui est futile disparait après quelque temps. L’attente
s’avère un excellent filtre. Ce qui demeure en vaut la peine. Vraiment.
Cynthia
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Daphné en mode lavage! Quelques minutes avant qu'elle tombe dans l'eau! |
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Par une froide soirée aux Bahamas |
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Lever du soleil à Marsh Habour |
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On tricote! |
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Coucher de soleil après une journée venteuse, mais paisible. |
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