2 ans plus tard... un dimanche matin sur Perla
Tout le monde
dort encore profondément sur Perla.
Sur Bel évasion, Carole et Alain, eux sont debout depuis longtemps et presque prêts à partir. Encore une fois hier, on a eu une belle soirée avec eux, alors que les p’tits gars de 39 ans et 62 ans se sont amusés à coller leur bateau dos à dos. Arc-en-ciel, coucher de soleil et feux d’artifice ont été au rendez-vous. Sur l’eau, il n’y a jamais rien de prévu, mais tout surgit pour nous émerveiller.
Sur Bel évasion, Carole et Alain, eux sont debout depuis longtemps et presque prêts à partir. Encore une fois hier, on a eu une belle soirée avec eux, alors que les p’tits gars de 39 ans et 62 ans se sont amusés à coller leur bateau dos à dos. Arc-en-ciel, coucher de soleil et feux d’artifice ont été au rendez-vous. Sur l’eau, il n’y a jamais rien de prévu, mais tout surgit pour nous émerveiller.
Dos à dos... ou fesse contre fesse! |
Au loin, un voilier se laisse pousser par le vent matinal,
toutes voiles sorties. Les nuages nous entourent, mais le soleil réussit à y
glisser quelques rayons pour illuminer les différentes variantes de vert et
éclairer les silos et maisons au loin. Sur un bateau, le matin, on dirait que
même éveillé, on demeure dans nos rêves, comme si l’on était dans une autre
dimension. Une dimension où tout est au ralenti. Où l’on a le temps de regarder
tout autour de nous, et que l’on a une vision réelle sur 360 degrés, les
drapeaux qui ballotent au vent, les clapotis, les différentes teintes des
nuages.
2 ans après notre retour de notre année sur l’eau, lorsque
l’on est arrivés sur notre voilier pour deux semaines de vacances, un drôle de
sentiment m’a habitée. Il faut dire que nous arrivions d’une semaine de camp de voile organisé entre autres par Pierre du Caboteur, que l’on avait rencontré
lors de notre traversée vers les Bahamas. Un camp hors du commun, avec des gens
hors du commun. Un camp qui va à l’encontre de la logique de notre société. Où
les parents doivent s’investir totalement, animer des ateliers, préparer les
repas, être présents pour la surveillance sur le bord de l’eau et bien plus.
Un camp où de prime abord lorsque tu en parles à ton
entourage, ils ne comprennent vraiment pas l’idée de prendre une semaine de vacances
et ne pas être en vacances… Un peu la même incompréhension que lorsque tu dis
que tu vas partir un an avec tes 4 enfants, que tu vas leur enseigner et que ça
te remplit de bonheur. La même incompréhension que lorsque tu reviens d’une
année sur l’eau, où tu as été 24 h sur 24 avec tes enfants et que non,
jamais ils ne t’ont tapé sur les nerfs… Mais un camp qui remplit les petits
comme les grands de bonheur. Car tout un chacun est merveilleux et sait
s’émerveiller. Car personne ne se trouve devant un écran et chacun prend le
temps de s’intéresser à l’autre. Car les journées sont remplies d’activités de
toutes sortes, avec des gens tout aussi différents. Car on est tous obligés de
sortir de notre zone de confort, les enfants, comme les parents.

Et j’ai dit à Eric : « wow, on l’a vraiment
fait. On a réussi à mettre 4 enfants dans un voilier et à partir un an… et à
être profondément heureux. » Ça peut sembler un peu étrange… mais je
n’avais jamais réalisé qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire là-dedans. Pour
moi, c’était même un peu banal. On est plusieurs à partir année après année
vers les Bahamas. Un an, ce n’est pas grand-chose… Pourtant, je me souviens des
paroles de ma mère lorsqu’elle était venue nous rejoindre aux Bahamas :
« Mon dieu, les filles vivent dans si peu d’espace depuis si longtemps. »
Je ne comprenais pas à ce moment-là ce qu’elle me disait. De l’espace, il y en
avait tout autour de notre voilier. Et des familles qui vivaient cela, il y en
avait plusieurs… Au moins 5-6 par année…
Et je me souviens des paroles de mon père après une journée
à marcher sur un banc de sable, à admirer des étoiles de mer de toutes
grandeurs et de couleurs : « Je ne sais pas ce que j’ai pu te dire
pendant que je te berçais quand tu étais bébé, mais vous nous faites vraiment
vivre un rêve » He oui, c’est vrai, vivre sur son voilier, entouré de bleu,
c’est vivre comme dans un rêve. Et ce rêve devient notre réalité, qui est somme
toute, notre normalité.
Lorsque l’on avance vers un rêve, il n’y a pas d’autre issue.
Même si parfois, une petite voix, nous dit que tout ça, ce n’est pas logique,
de s’investir autant dans une direction, d’économiser pour une seule année,
alors qu’on devrait plutôt penser à faire fructifier notre argent pour… avoir
plus d’argent…. D’effectuer des tonnes de recherches pour préparer une année
d’école qui sera extraordinaire pour ses enfants alors qu’on a droit à l’école
publique qui fait tout ça pour nous… Non, il n’y a pas de logique dans tout ça,
mais un peu comme lorsqu’on se ferme les yeux, on n’a pas toujours le contrôle
sur ce qui nous pousse vers un rêve. Cela va de soi tout naturellement, et
l’inverse serait impossible. On avance donc dans cette folie, un pas à la fois,
avec les commentaires des gens qui ne comprennent pas, mais d’autres, moins
nombreux que l’on croise un à un qui confirme qu’on prend la bonne direction,
même si le chemin est peu emprunté et pas du tout balisé. Et enfin, on largue
les amarres et on vit à fond dans ce rêve qui n’est pas sans embuche. On
apprécie chaque moment magique et on affronte la nouveauté chaque jour avec
questionnement et parfois aussi quelques inquiétudes. Mais la vie nous confirme
que malgré les hauts et les bas, le merveilleux nous attend chaque fois.
Et un jour, ce rêve se termine et le réveil s’avère brutal. On
se demande si l’on doit être comme « tout le monde » et ne plus se
laisser aller aux rêveries. Ça serait plus facile pour nous et pour nos
enfants. Plutôt que de tenter de se rendormir pour se retrouver à nouveau dans
ce rêve si merveilleux. On voit aussi nos enfants qui voudraient se rendormir…
mais l’effet miroir nous fait réaliser que ce n’est pas une bonne idée. On
replonge dans notre société organisée, qui a ses défauts, mais aussi ses
qualités… car petit à petit, on prend conscience que notre société n’est pas
parfaite, mais que c’est justement celle-ci qui nous permet de réaliser nos
rêves.
Voilà que 2 ans plus tard, on réussit à avoir du recul.
Et je trouve ça extraordinaire ce qu’on a fait… d’y avoir cru et d’y avoir
inclus nos 4 filles. En fait, je nous trouve extraordinaires! Et ça, ça peut
sembler étrange aussi, car on n’a pas vraiment le droit de se dire de telle
parole… C’est peut-être l’effet du yoga… et le fait d’être capable de
reconnaitre le négatif, mais aussi le positif.
Je me suis tellement posé de questions lors du retour,
était-ce une erreur de nous avoir déracinés durant un an? Est-ce que mes
enfants en auraient des séquelles? Pourquoi toucher à un monde merveilleux, si
c’est pour voir tout plus terne par la suite? Mais aujourd’hui, je peux dire
que tout ça en valait réellement la peine. Évidemment, ça aurait été tellement
plus facile de rester chez nous, partir une ou deux semaines par année. Mais
l’intensité n’aurait jamais été la même.
Au retour, j’ai écrit que nous avions vécu des moments d’une
telle intensité que je pensais être à la fin de ma vie. Comme si ces instants
étaient trop extraordinaires pour être connu de notre vivant… ou qu’ils devaient
être frôlés uniquement lorsque nous approchions de notre mort. 2 ans plus tard,
j’ai compris. Ces moments se vivent lorsque l’on vit vraiment. Lorsqu’on suit
nos passions, et qu’on laisse tomber les carcans et les conventions comme
prescrit par notre société.
Durant mon été, sur Perla, j’ai lu le Why Café. Quelques
équipages nous avaient parlé de ce livre, qu’après cette lecture, ils avaient
décidé d’effectuer un virement majeur dans leur vie. À travers cette lecture,
j’ai constaté qu’il s’agissait des mêmes grands principes qui avaient toujours
orienté nos choix de vie à Eric et moi. On ne devait pas faire fausse route si
des millions de personnes se voyaient transformer par ce livre! Nous, on
l’avait déjà en nous, sans même l’avoir lu! Pourquoi? Peut-être parce que
j’avais été élevé ainsi, parce qu’un voyage scolaire à l’adolescence m’avait
révélé que la vie se vivait à l’extérieur du cadre, tout en faisant éclore une
passion du voyage, parce que j’avais vu plein de gens vouloir travailler moins
pour passer un peu de temps avec leurs enfants, mais avoir trop de choses à
payer, d’autres partir en dépression alors qu’il semblait pourtant heureux et
avoir tout. D’autres qui devaient prendre des médicaments pour réussir à vivre
et devoir aussi médicamenter leurs enfants, alors que peut-être, c’était la vie
qui allait trop vite? Peut-être parce que j’ai pris conscience, il y a de cela
très longtemps déjà qu’on doit s’acheter 10 paires de souliers parce que cela
nous passionne, avoir l’auto de l’année parce que c’est ce qui nous fait
vibrer, avoir une grosse maison parce que c’était un rêve… Mais avoir 10 paires
de souliers, la voiture de l’année, la grosse maison, etc., pour faire comme le
voisin, non ce n’est peut-être pas le chemin à suivre.
Au printemps, nous avons parcouru le Guatemala pendant 3
semaines. Un trop bref voyage qui m’a toutefois permis de réaliser à quel point
nos filles ont développé une patience incroyable! Les conflits ne disparaissent
pas par magie, mais on est aussi tous heureux de se retrouver ensemble dans des
endroits magiques! Et malgré les personnalités très différentes de mes filles,
elles sont toujours heureuses de découvrir les merveilles qui nous entourent,
même s’il faut faire 12 heures de route et une heure additionnelle dans un boite
de pick-up!
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Volcan Pacaya |
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Semuc Champey |
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Ruines de Tikal |
Et cet été, Perla nous a encore offert des moments
extraordinaires. Non, n’allez surtout pas croire que tout est toujours parfait.
Loin de là! Ceux qui s’ancrent près de nous ont parfois droit à des crises
mémorables… Nos enfants demeurent des enfants, et même des adolescentes!! Il y
a des chicanes, de l’attitude. Et nous, on demeure aussi un couple normal avec
nos tensions lorsqu’on gère mal notre spi! Mais, on est ensemble! Et lorsque
nos 4 filles sautent dans l’eau en même temps et rient aux éclats… je me dis
que ça, ça ne peut se remplacer par aucune somme d’argent. Je suis privilégiée
d’être aux premières loges pour contempler ce spectacle. Alors merci la vie, au
bon Dieu qui veille sur nous et qui nous aide à prendre les bonnes décisions,
même sur les sentiers qui sont peu débroussaillés.
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Le calme plat de fin de journée |
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Le spectacke quotidien |
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La nature qui nous offre des tableaux magiques! |
Prochain départ prévu pour 2022. Pas encore de plans précis…
mais de nombreuses options possibles. Non, on ne sera jamais riches!! Mais, on
préfère rêver et tenter de mettre les pieds dans nos rêves! Et pas seulement
entre 22 h et 6 h du matin!
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