6 novembre: Des morceaux de verre parmi tant d’autres… et pourtant si uniques pour nous!
Durant une autre journée de grisaille de l’automne québécois,
alors que l’on s’ennuie de la chaleur d’il y a un an, on sort nos morceaux de sea glass pour en faire de nouvelles créations.
Durant notre voyage d’un an, nous avons acheté très peu de « souvenirs ».
Nos souvenirs sont dans notre tête et dans notre cœur et aussi dans quelques
petits pots… Pots qui contiennent coquillages, roches, morceaux de verre et
aussi des lucky beans.
Chaque fois que j’ouvre la porte de l’armoire où ils sont
tous rangés, je leur lance un coup d’œil, j’essaie de saisir ce qu’ils cachent.
Ils paraissent futiles, et pourtant ils sont si importants pour nous.
Pour nos créations du dimanche, nous aurions pu aller au Dollarama et acheter un sac de morceaux de verre pour 1 $. On aurait pu
choisir les couleurs et la grosseur. Au bout du compte, l’œuvre aurait été la
même et peut-être même plus belle aux yeux de certains. Mais, nous n’aimons pas
les raccourcis. Nous avons pris un chemin un peu plus long...
Nous avons appris à naviguer à six sur un voilier de 25
pieds, avons acheté un 42 pieds et préparés tout ce qui se rattache de près ou
de loin à un voyage au long cours. Nous sommes partis en avançant à une vitesse
moyenne de 5-6 nœuds, c’est-à-dire pratiquement la même vitesse qu’à vélo,
avons dû attendre que la météo se calme, que les ouragans cessent, que la mer
nous ouvre une fenêtre, nous offre son immensité et nous fassent découvrir le bleu océan. Nous avons
alors traversé vers les Bahamas et découvert des iles toutes plus belles les
unes que les autres entourées d’eau turquoise…
Nos yeux se sont alors habitués à voir le merveilleux dans l’immensité,
mais aussi derrière chaque petit trésor enfoui, les étoiles de mer, les conques,
les dollars de sable, les sea biscuits…
mais ensuite de façon plus subtile les lucky
bean, le sea glass. Nous les
avons cherchés longtemps et finalement trouvés. Nous nous sommes sentis
privilégiés comme s’il s’agissait de diamants. Je nous revois sur l’une des
dernières iles que nos pieds ont foulées aux Bahamas à chercher le sentier qui
devait nous mener du côté de l’île où, semblait-il, se trouvait des trous à sea glass. Quel bonheur que de trouver ces
petits morceaux qui ont tant voyagé et qui ont été polis à travers le temps.
Que s’était-il passé durant ces derniers mois à avancer à
une vitesse de tortue pour que nous nous émerveillions devant de minuscules
morceaux de verre? Pourquoi balayer l’infini des plages, bouger les algues pour
voir ce qu’elles cachent avec comme seul objectif de trouver des lucky
beans?!
Peut-être parce qu’ils ont beaucoup à nous enseigner? Parce
qu’ils ont voyagé à travers les océans, se sont laissés bercer, ont affronté les
éléments et se sont laissés transformés, sans offrir de résistance.
Chaque parcelle trouvée recèle sa propre histoire. Comment
maintenant pouvoir entrer dans un magasin et trouver un sens à tout ce qui nous
entoure? Ce n’est pas l’objet qui fait le bonheur, mais ce que l’on a vécu pour
l’atteindre. Peut-être est-ce pour cette raison qu’il est si difficile de trouver
un but à notre existence dans notre société de consommation. Il est possible d’acheter
tout ce que l’on souhaite, mais le chemin pour l’atteindre est vide de sens :
prendre sa voiture, entrer dans un magasin, prendre un objet qui existe en
millier d’exemplaires, payer et voilà, on le possède. Mais, que nous apporte-t-il,
nous raconte-t-il une histoire?
Le même phénomène se produit avec les lieux visités. Lorsque
je regarde certaines photos qui me plongent dans un moment, un état d’esprit, je
suis consciente que le lieu a d’exceptionnelle le chemin parcouru pour l’atteindre.
Prendre l’avion pour visiter un endroit en vitesse n’aura jamais le même effet
que de s’y rendre lentement, attendre, modifier ses plans, attendre encore, car
il y a un autre front froid (!), visiter des lieux où l’on ne pensait pas s’arrêter
qui nous mènent ailleurs et en même temps au plus profond de nous. Discuter
avec d’autres humains, réaliser que nous sommes tous reliés, même si nous
sommes un peu éparpillés, que la vie est parfaite, que nous nous trouvons exactement
où nous devons être et pourtant pas toujours où nous pensions aller. Un peu
comme ces morceaux de verre qui ont dû tant voyager, se sont fracassés contre
des rochers, ont pensé que tout était terminé, se sont laissés attendrir ou
plutôt polir, ont été recueillis par des petites mains, ont patienté durant de
longs mois pour enfin retrouver une nouvelle forme.
La vie suit son cours. Elle a besoin d’espace et de lenteur pour
nous montrer tout son sens.
Cynthia
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Une merveille de la nature (et bien deux!) |
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Un lambi, une conque... il a bien des noms, mais il est toujours magnifique. |
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Une étoile de mer qui retournera à l'eau pour en émerveiller encore plusieurs! |
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Ces fameux rochers qui emprisonnent les morceaux de verre. |
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Sea biscuit blanchi par le soleil. |
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Quelques-unes des créations, par une belle journée pluvieuse: crabe et poisson; phare et voiliers |
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